Vu Lan est la deuxième plus grande fête traditionnelle annuelle célébrée au Vietnam après le Têt du nouvel an lunaire. Elle peut prendre des noms différents mais se déroule toujours dans un esprit de compassion, de gratitude et de piété filiale. Cette année, elle a lieu le 12 aout 2022.

Qu’est-ce que Lê Vu Lan ?

Il s’agit d’un festival bouddhiste que l’on retrouve un peu partout en Asie du Sud-Est, notamment en Chine, en Corée, au Japon et bien entendu, au Vietnam.

Le terme Vu Lan est une déformation du sanscrit Ullambana, un terme qui signifie » pendre la tête en bas » (sensément une évocation des souffrances extrêmes que les âmes endurent en enfer pour expier les mauvaises actions de leur vie antérieure sur terre). Le terme est également associé au Sutra Ullambana, ou Sutra de la Piété Filiale, lequel rapporte la légende de Maudgalyayana, un des grands disciples du Bouddha Shakyamuni, qui atteindra l’illumination. Le Sutra raconte comment, alors qu’il était en méditation, Maudgalyayana voit sa mère subissant, tel un fantôme affamé, les tortures de l'enfer en raison des mauvaises actions qu'elle avait commises. Le Vietnam connait Maudgalyayana sous le nom de Muc Kien Lien. Voici un des évènements marquants de son histoire.

La naissance de Lê Vu Lan

Il y a de cela fort longtemps, vivait une méchante femme du nom de Thanh Dê. Mauvaise, dure et impitoyable, elle n’avait pas de cœur et surtout pas envers les pauvres et les mendiants. Jamais une aumône et malheur à celui qui se présenterait au portail de sa maison, il serait immédiatement chassé. Sa méchanceté allait aussi vers les bonzes et des bonzesses qu’elle importunait bruyamment dès qu’elle le pouvait (et avec les réserves de malveillance qu’elle avait, elle pouvait souvent). Elle allait jusqu’à blasphémer Bouddha, calomnier les trois joyaux (Bouddha, Dharma et Sangha) et mépriser les esprits en présentant à la pagode des offrandes de jeûne avec de la viande dedans. Bien entendu, elle n’écoutait aucun des conseils avisés de son fils, un certain Muc Kiên Liên, un bonze de haute vertu qui deviendra un des 10 disciples principaux du Bouddha Shakyamuni. A sa mort, Thanh Dê rejoignit sans escale le Royaume des Morts et dut payer ses fautes commises dans le monde des vivants en devant s'asseoir sur un lit à clous, porter sur la tête un seau rempli de sang et rester affamée et assoiffée car tout aliment qu'on mettait dans sa bouche se transformait en cendre (Son fils en fit l’amère expérience, c’est pour cela qu’il est représenté portant un bol).

Une fois qu’il eut atteint l’illumination, Muc Kien Lien eut une vision du Royaume des Morts et… de sa mère. Il vit les punitions et les châtiments. Saisit d’une profonde compassion, il tenta tout pour sortir sa mère des enfers, mais on ne change pas ainsi le cours justicier d’une ordonnance céleste. Il tenta de négocier, de prendre la place de sa mère, rien n’y fit. En dernier recours, il se tourna vers Bouddha et demanda grâce à ce dernier. Celui-ci lui ordonna d'organiser au 15^ème jour du 7^ème mois lunaire, la cérémonie de Vu Lan, au cours de laquelle il pourrait solliciter la remise de peine pour sa mère avec des prières et en pratiquant l’aumône. De retour sur terre, Muc Kien Lien, le jour venu, dressa un autel en hommage à Bouddha tout en murmurant les prières les plus ferventes et distribuant les aumônes les plus sincères. Pendant ce temps, Thanh Dê, dans le Royaume des Morts, sous l’action continue des épreuves, se détachait lentement de sa nature méchante jusqu’à connaître le remords. La piété de Muc Kien Lien monta jusqu’à la porte du Ciel. L’Empereur de Jade réexamina le cas de Thanh Dê, constata qu'elle s’était repentie et l'acquitta. Il fut permis à Muc Kiên Liên de descendre dans les enfers pour ramener sa mère à la vie. Depuis lors, Thanh Dê, de tout cœur, a honoré Bouddha, respecté les bonzes et secourut les pauvres. (Une autre version dit que Bouddha enseigna à Muc Kien Lien que peu importait sa générosité, cela ne suffirait pas à sauver sa mère. La seule solution était de s’appuyer sur la force combinée des moines des dix directions - du monde entier - au 15^ème jour du 7^ème mois lunaire).
Ainsi est né Vu Lan.

Les rituels de Vu Lan

Chez soi

Le jour de Vu Lan, il est admis que les âmes retournent dans leurs anciennes maisons alors, que la famille soit bouddhiste ou non, le jour J elle placera sur l’autel des ancêtres un plateau chargé de fruits, de collations, de gâteaux de riz, de sel, de manioc bouilli et autres plats végétariens.

Traditionnellement, il est demandé de ne pas organiser de fête de mariage ou d'ouvrir un commerce pendant Vu Lan. De même, parce que ce mois est considéré comme le mois des âmes errantes, il prend une connotation malchanceuse et n’est donc pas ou peu propice aux gros travaux (les fantômes ayant le mauvais gout de tout détraquer et de tout faire échouer). Cette croyance, qui se rapproche plus du taoïsme, sera ensuite véhiculée par le folklore chinois (et ensuite en Corée, au Vietnam…). Du point de vue des bouddhistes, Vu Lan Bao Hieu est le mois de la piété filiale.

A la pagode

Dans tout le Pays, les pagodes bourdonnent d’activité tandis que les moines bouddhistes, les nonnes et les fidèles se rassemblent pour prier. Les visiteurs participent à la cérémonie de « La rose sur la chemise » en portant une rose rouge si leur mère est encore en vie, ou une rose blanche si elle n’est plus de ce monde. Pour l’anecdote, ce rituel des roses a été initie par le maître zen Thich Nhat Hanh, décédé cette année 2022. On brulera des papiers votifs et certains assisteront aux conférences des moines qui distilleront conseils et consignes aux enfants sur la manière de respecter leurs parents, qu'ils soient vivants ou décédés. 
N’hésitez pas à franchir la porte d’une pagode : les étrangers sont également invités à visiter les lieux de culte pendant le festival Vu Lan et à participer aux célébrations. Une mention particulière pour Hoi An, la ville aux lampions, qui voit en cette période de festival, des milliers de lanternes flotter doucement au gré de la rivière.

Au cimetière

Le cas échéant, on ira visiter les tombes des ancêtres, on les nettoiera, on fera des prières et on offrira des cadeaux aux défunts.

Le mot de la fin

L’esprit bouddhiste qui anime Vu Lan est très proche des enseignements de Confucius qui dit que la piété filiale est le fondement de la morale et que la famille est le fondement de la société. Dans la famille, la piété filiale est le fondement pour construire le bonheur, apporter la joie et la paix à tous. 

Le sens du festival Vu Lan n'est pas seulement de commémorer les ancêtres et de rendre hommage aux âmes errantes, il appelle à respecter ce qu’on a de plus précieux : la famille, les parents et les proches.

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La fête importante du Vietnam à savoir 

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