Dans un décor spectaculaire de rizières en terrasse, la région de Hoang Su Phi – au Nord-Est du Vietnam – héberge une douzaine d’ethnies minoritaires. Parmi elles, on dénombre deux communautés Dao, dont les Dao rouge.
Les Dao rouge, une famille de 12 enfants
Au nombre de 12 familles, le peuple Dao se réclame être les descendant d’un ancêtre unique, du nom de Ban Vuong. Au fil des ans, des conflits, des migrations et même des changements climatiques, ils se sont agrégés en 12 communautés distinctes par les coutumes et modes de vie, tout en gardant une étonnante unité communautaire.
Connus également sous les noms de Man, Trại, Dong, Diu Mien, Kim Mien ou encore Kim Mun, le peuple Dao se décline en Dao Lo Giang, Dao Đo (Dao Rouge), Dao Tien (Dao aux Sapèques), Dao Lan Tien, Dao Quan Chet (Dao à pantalon serré), Dao Ao Dai (Dao à Tunique Longue), Dao Dai Ban, Dao Coc Ngang, Dao Coc Mun, Dao Tam Dao… Hoang Su Phi abrite deux groupes : Les Dao Do (Dao Rouge) et les Dao Ao Dai (Dao à Tunique). Tous les Dao vivent communément sur les versants des montagnes des provinces du Nord, ayant émigré des provinces chinoises de Fukien, Guangdong et Guangxi entre le 13ème et le 20ème siècle (Jusque dans les années 1940, en fait). Toutefois, certains groupes comme les Dao au pantalon blanc vivent dans les vallées et les Dao Rouge plutôt en altitude.
Un très ancien récit – le livre "Qua Son Bang Van" - raconte leur périple à travers la mer pour venir s’installer ici, dans les replis escarpés des montagnes du Nord-Est du Vietnam. Une certaine année du Tigre, ils durent fuir leurs contrées pour échapper à la famine qui sévissait, faisant suite à une terrible sècheresse. De nombreuses légendes locales disent combien ce voyage a eu son lot d'épreuves et d’embuches. On retrouve d’ailleurs des traces de cette migration dans les peintures tricolores ainsi que dans les peintures sacrées du peuple Dao rouge - des peintures que les Dao accrochent souvent lors de leurs cérémonies solennelles. On peut reconnaitre les formes d’un batelier ou les vagues de la mer sur les costumes de certains personnages représentés. Tous ces textes ne manquent pas de souligner combien a été longue et éprouvante a été la traversée et combien elle a marqué l’inconscient collectif du peuple Dao.
En observant attentivement les délicats motifs brodés sur les costumes des femmes Dao rouge, vous remarquerez peut-être un motif de « patte de chien » et de vague. Ce n’est pas uniquement pour faire joli, il s’agit également, surtout, d’un rappel de leurs origines. Comme nous venons de le voir, Ban Vuong est l’ancêtre commun à tous les Dao et il est traditionnellement représenté sous la forme d’un chien-dragon, c’est-à-dire un animal avec le corps d'un dragon et la tête d’un chien. Il se dit qu’il mesurait trois mètres de long et qu’il portait des cheveux noirs et jaunes veloutés. Il était très aimé par le roi Binh Vuong, un roi qui assurait prospérité et paix à son peuple. De son vrai nom Ban Ho, il a pris celui de Ban Vuong apres avoir tué Cao Vuong, un félon qui avait levé une armée pour envahir les terres de Binh Vuong, précipitant les villageois dans la misère. Les textes rapportent qu’aussitôt sa victoire avérée, Ban Ho se transforma en beau et valeureux jeune homme. Sa femme lui donnera par la suite 12 enfants (6 fils et 6 filles) qui ont tous été confiés à 12 familles, dont les noms sont encore aujourd‘hui des noms de famille typiquement dao (Ban, Lan, Man, Uyen, Dang, Tran, Luong…). Toute sa vie, il a su rester simple et droit, enseignant aux villageois la culture du riz inondé et l’art du tissage. Il est mort accidentellement, dit-on. Considèré comme la source primordiale, comme l’ancêtre premier, Ban Ho - Ban Vuong est vénéré avec la plus grande ferveur par l’ensemble du peuple Dao, mais avec des dates et parfois des rituels différents. Par exemple, les Dao rouge lui rendent hommage tous les 5 ans, d’autres tous les 9 ans et certaines lignées laissent s’écouler 12 ans entre deux cérémonies. Cependant, on aura toujours une pensée pour Ban Vuong lors des autres célébrations importantes qui rythment la vie des Dao. La cérémonie d’adoration de Ban Vuong demande des préparatifs très particuliers, qui font notamment intervenir 2 cochons magiques, qui seront cuisinés ensembles mais présentés à part pour faire une offrande à l’ancêtre commun et une autre aux aïeux de la famille. Pas moins de 6 chamanes seront également indispensables au bon déroulement de la journée et de la nuit de célébrations. A Hoang Su Phi, la cérémonie a lieu généralement en avril (Demandez plus de précisions auprès d’une agence francophone locale au Vietnam).
Les Dao considèrent le culte de Ban Vuong comme un rite lié au destin de chaque personne, de chaque lignée familiale, du peuple Dao et par extension, de toute la Nation. C'est un rituel profondément humain car il demande aux gens de se souvenir de leurs racines et, de leur côté, les gens sont rassurés car près d’eux, il y a un ancêtre, le vénérable et sacré Ban Vuong, qui les protège. Ce rituel est aussi le lien reliant les communautés à travers les villages dissémines dans les majestueuses contrées du Haut Tonkin.
Les Dao rouge de Hoang Su Phi
Les textes semblent attester de la présence des Dao rouge dans la Province de Ha Giang il y a plus de 200 ans de cela. Les villages se composent de maisons à même le sol si l’endroit est plat, sur pilotis si l’emplacement est en pente. Dans la maison, une pièce est souvent réservée pour faire office de garde-manger et de réserve d'alcool, devant laquelle est installé l’autel pour les ancêtres. Si devant la porte, vous voyez une branche verte ou une feuille de bananier, n’entrez surtout pas ! C’est signe qu’un bébé vient de naitre, les « énergies » des étrangers sont susceptibles de lui être néfastes. Trois ou quatre jours après l'accouchement a lieu une cérémonie par laquelle on informe les ancêtres de l'heureux événement. Puis, quand l'enfant a 30 jours, on procède à une autre cérémonie, cette fois-ci en honneur de ba mu (Une sorte de fée matrone) et on donne un nom à l'enfant, en général celui d'un génie protecteur, car ce n'est qu'à l'âge de 10 ans que l'enfant reçoit son vrai nom.
La femme Dao Do (prononcez zao do) de Hoang Su Phi porte encore le costume traditionnel : pantalon noir uni avec une veste noire ample richement brodée de rouge au col, les manches inférieures et sur le dos. Le Ao Yem (corsage, cache-sein) rouge brodé se porte sous la veste comme un gilet. L’ensemble s'accompagne d'un tablier noir brodé en rouge sur les bords, une ceinture rouge et un turban coloré recouvert d’un foulard rouge. Elle apprécie les bijoux en argent massif. Il n’est pas rare de voir des femmes Dao aux sourcils et au front rases, une marque traditionnelle de de beauté. Quant aux hommes, ils arborent un pantalon en cotonnade écru ou teinté à l’indigo, noué à la taille à l’aide d’une large ceinture sur une veste ouverte. Pour un évènement particulier, l'homme Dao peut troquer sa veste contre une tunique fermée par des boutons et tombant jusqu’aux genoux. Ils portent le cheveu long porté en chignon ou rasés sur le pourtour à l'exception d'une touffe au sommet de la tête comme chez les Hmong. Les Dao ont aussi coutume de porter des bijoux en argent ou en bronze. D'ailleurs, ils excellent dans l'orfèvrerie, essentiellement dans la confection de colliers, de bracelets, d'anneaux de cou ou de pied, boucles d’oreille, chaînes, boîtes à bétel…
Ce sont d’habiles artisans dans le travail de la broderie et du tissage de brocatelle ; ils ont également une connaissance encyclopédique des herbes médicinales et leur fameux bain aux plantes est réputé un peu partout dans le Pays.
Outre les mariages et les funérailles, les Dao de Hoang Su Phi pratiquent avec toujours autant de ferveur et de gaité partagée plusieurs cérémonies, dont une des plus importantes est celle appelée « Le Cap Sac », sorte de rite initiatique au passage à l’âge adulte pour les ados du village (10 ans pour les garçons, 13 ans pour les filles).
Arts et la littérature folkloriques égayent la vie intellectuelle des Dao, et dans ce domaine, leur réputation n’est plus à faire. Contes, contes humoristiques, fables, devinettes, chansons populaires… Leur répertoire est aussi riche qu’imagé. Les Dao utilisent l'écriture chinoise (mais prononcée à la manière Dao) pour copier des livres de culte, des généalogies, transcrire des contes rimés et d'autre traditions orales. Entre eux, ils ne parlent que leur langue, qui du reste, est la langue maternelle des enfants, ce qui ne les empêche pas de maîtriser parfaitement le vietnamien et d’en faire usage le cas échéant.
Chaleureux et attachant, le peuple Dao Do de Hoang Su Phi offre de nombreuses facettes culturelles, spirituelles et… gastronomiques, que nous nous vous proposons de découvrir lors d’un prochain séjour dans la superbe province de Ha Giang.
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