Troisième fête la plus importante du Vietnam, Tet Trung Thu, ou fête de la mi-automne, se situe entre légende et traditions. A l’origine fête de la pleine lune, elle est aujourd’hui une occasion de célébrer la famille en général et les enfants en particulier. Et qui dit fête, dit festin…
A l’origine, il s’agissait d’un culte à la pleine lune, pour célébrer la récolte du riz – récolte dont dépend tout le bien-être de la famille – tout en faisant vœu d’une année à venir fructueuse et abondante. Malgré la modernisation, le Vietnam a gardé cette coutume à la symbolique très forte : il était en effet d’usage de partager un repas et de s’offrir des gâteaux de lune - banh deo, ronds, symbolisant la lune et les banh nuong, carrés, symbolisant la terre.
Le Tet de la pleine lune d’automne ne dure qu’une journée (et se poursuit tard dans la soirée), mais les préparatifs prennent plusieurs semaines ! De nos jours, magasins et boutiques préparent ou revendent les fameux petits gâteaux ronds. Il règne une ambiance comme à Noel et en fait, il faut bien dire que la fête de la mi-automne s’est transformée en célébration de notre chère marmaille. Les parents offriront des jouets et les enfants défileront dans les rues, en chantant et portant des lanternes colorées de différentes tailles et aux formes diverses : poissons, lapins, carpes, et autres étoiles, le visage couvert d’un masque de quelque figure légendaire. Les ados quant à eux iront de porte en porte proposer leur spectacle de danse du lion, une saynète sensée porter chance et prospérité à celui qui aura accepté le spectacle en échange d’un petit billet.
Dans les rues des villes, sur les places des villages se joue la danse de la licorne, qui met en scène les principaux protagonistes de Tet Trung Thu, j’ai nommé le couple légendaire Hang Nga – ci-devant Déesse de la Lune et Chu Cuoi, un gardien de buffle au visage débonnaire et rigolard. La légende la plus connue sur Tet Trung Thu a comme personnage principal un arbre ; écoutez :
Il y a de cela très très longtemps, dans une certaine région montagneuse, vivait un pauvre garçon affublé du patronyme de Cuoi. Chaque jour, il se rendait dans la forêt couper du bois, qu’il échangeait contre un peu de riz. Ainsi allait sa vie. Il est dit qu’il n’avait ni parent ni famille. Seule sa petite hache lui tenait compagnie.
Un jour comme les autres, Cuoi se retrouve dans la forêt en quête de bois de chauffage à débiter. Il aperçoit un tigre de l’autre cote d’un petit ruisseau. Se retournant lentement, il voit, à l’abri dans une caverne, quelques bébés tigres assoupis. Une idée émerge entre ses deux oreilles : « ceux-là, quand ils seront grands, ils viendront au village et ça ne sera pas pour jouer avec nous, mais bien pour nous manger ! Profitons que la mère est de l’autre cote du ruisseau pour leur ôter toute possibilité de prendre de l’âge ». Sitôt dit, sitôt fait, bientôt ne se trouva au sol que les cadavres des jeunes félins.
Plutôt fier de lui mais tout de même méfiant, notre bonhomme Cuoi tourne la tête à gauche, puis à droite, pour vérifier que plus rien de viendra potentiellement écourter le futur de ses commensaux. Ce n’était pas un jour comme les autres : Maman tigre s’était rendue compte du massacre et était sur le point de montrer à quel point cela lui était fâcheux. Mort de trouille, notre Cuoi faillit décéder sur place, mais allez comprendre, un dernier reste d’instinct de survie le propulsa en haut d’un arbre, hors d’atteinte des crocs d’une maman tigre très très en colère. On la comprend. Dépitée de ne pouvoir se venger, Maman tigre, dans un ultime feulement, laisse un Cuoi tout tremblant sur une branche et s’en retourne à la caverne. A priori, il lui restait assez entre les oreilles pour qu’un « Heureusement que j’ai pu grimper à l’arbre, elle m’aurait déchiqueté » y fasse irruption. Alors que reprenant son souffle il regarde la mère en peine devant les cadavres de ses petits, quelque chose ressemblant à du remord prend la place de l’auto-satisfaction. Mais.. Mais… Le spectacle prend une autre tournure ! Dame tigre renifle, furète et trouve certaines feuilles d’un certain arbre qu’elle se met à mâchouiller consciencieusement pour recracher le tout sur les blessures de ses petits. Des petits qui ne tardent pas à gambader comme si de rien n’était ! Incrédulité, crainte et stupéfaction se firent un devoir de faire la queue entre les 2 oreilles d’un Cuoi de plus en plus tremblotant. « Des feuilles magiques ! Des feuilles magiques ! ».
Mère et progéniture ne tardent pas à s’éloigner de la sinistre caverne. Cuoi en profite pour descendre de son perchoir, récupérer sa précieuse hache et de reprendre, encore flageolant, la route du village. Sur le chemin il croise un homme allongé, immobile, le visage gris pale. Cuoi en déduit assez vite que le pauvre bougre est décédé. A priori en surchauffe, la cervelle de notre brave bucheron lui souffle opportunément d’aller cueillir quelques-unes de ces herbes, de les mâchouiller et de recracher le tout dans la bouche du gisant. Dont acte. Et notre ancien de se retrouver sur pied, tout guilleret. Devant un tel miracle, le bonhomme presse Cuoi de questions, auxquelles il répond de bonne grâce, naïvement et franchement. Apres un silence qu’on qualifiera de méditatif, le vieil homme de s’exclamer : « Oh ! Mais j’ai déjà entendu parler de ces feuilles et de cet arbre ! On le nomme banian et il a la magie de redonner la vie. Ta chance est grande d’en trouver un ! Prends-le et aies soin de lui pour ainsi sauver les hommes. Mais attention jeune homme ! Souviens-toi de ne jamais l’arroser avec de l’eau sale, ou il s’envolerait vers le ciel… ». Sans trop s’attarder sur la troublante vision d’arbres flottant dans les cieux qui commençait à poindre au bord de sa vue, Cuoi remercia le vieil homme et s’en fut replanter le banian dans son jardin. Et il s’en occupe bien, de son banian. Que de l’eau de pluie ou du puits, bien claire comme l’avait édicté le ressuscité. A ce point du récit, il faut que je vous précise – mais vous l’avez compris – qu’on parle là d’un arbre magique. Très magique même. D’ailleurs, pour lui, un jour, c’est comme un an. Donc il a poussé à une vitesse… magique, oui. C’est maintenant un très bel arbre avec un immense feuillage qui donne une ombre fraiche devant la maison de Cuoi. Un Cuoi débordé. Depuis qu’il entretient cet arbre, il n’arrête pas de sauver des vies ! Et notre bougre de ne pas demander de salaire, simplement se contenter des fruits et légumes qu’on lui donne en gratitude. Sa réputation grandit un peu plus chaque jour.
Or, une fois qu’il revenait d’avoir ramené quelqu’un à la vie, il aperçoit le corps d’un chien mort, sur bas-côté du chemin. Une petite voix se fait entendre, quelque part entre ses deux oreilles : «Ramenons-le à la maison puis à la vie et élevons-le pour jouer avec lui ». Sitôt dit, sitôt fait. Maison. Feuilles de banian. Résurrection. Et un chien tout fou qui remue joyeusement de la queue. Et collant de gratitude, toujours dans ses pieds. « Je t’appellerai Van ». Et le chien de remuer la queue, comme s’il avait compris.
Mais voilà qu’un homme très riche, père d’une fille unique, vivait dans le village voisin. Le pauvre ne pas va tarder à perdre ce bien précieux : la belle se tord la cheville pendant une promenade, trébuche et tombe à l’eau. Elle est morte noyée. Dévastée, la famille pleure la belle enfant jusqu’à ce que le père se souvienne de son voisin et de ses feuilles magiques. Il prend ses serviteurs et ses jambes à son cou et déboule dans la maison d’un Cuoi qui se fait rassurant : « Sois sans crainte, je prépare tout ce qu’il faut et je te rejoins, toi et ta fille ». Et en effet, peu de temps après, de pâles et livides, les joues de la belle redeviennent d’un rose velouté. Le père ne tient plus de joie ! « Dis-moi ce que tu veux et en remerciement, je te l’accorderai ». Devinez quoi ? Cuoi demanda d’épouser la nouvellement ressuscitée. De rose, les joues passent à cramoisi, tandis que le père se répand en actions de grâce.
Le mariage s’est déroulé dans la foulée. Les deux époux sont heureux, ils ont même rénové le taudis – pardon – la maison de Cuoi. La vie était belle, harmonieuse, paisible. Ce qui n’était du gout de tout le monde. Et en particulier d’une mauvaise graine du village voisin, jaloux de voir tomber une telle fleur dans un tel jardin…Il passa des nuits à préparer un moyen de se venger.
Le moment s’est présenté un jour où Cuoi s’est absenté de la maison pour chercher du bois de chauffage. Le malandrin en profite pour y pénétrer et tente d’attraper l’épouse. Qui révéla à la grande surprise du malotru, être non seulement pas d’accord du tout du plan proposé mais le fait savoir à l’aide de coups de griffe et autre gifles bien senties. Surpris, l’infame se saisit d’un couteau et la tue. Méchant mais pas bête, le meurtrier anticipe la magie de Cuoi en éviscérant la morte et jette les intestins dans la rivière. Une fois rentré, notre pauvre bucheron guérisseur ne peut que constater l’horreur de la situation. Les larmes tombent, amères, en abondance. Sans intestins, comment peut-elle ingérer les feuilles magiques. Les larmes sont de plus en plus brulantes.
Vous vous souvenez de Van, le chien ? Celui-ci, voyant son maitre dans un tel état, voyant celui qui lui a rendu la vie si désespéré, s’approche et en langage mi-chien mi-humain, propose à son sauveur d’autrefois de faire don de ses intestins pour qu’ils remplacent ceux de son épouse bien-aimée. La mort dans l’âme et le cœur au bord des lèvres, Cuoi accepte l’offre de son compagnon à quatre pattes pour sauver sa femme. « Pardon et merci, noble compagnon ! Puisses-tu avoir une meilleure incarnation dans ta prochaine vie ! ». L’opération terminée, Cuoi donne des feuilles magiques à son épouse… qui, lentement, repend vie. Voyant cela, Cuoi se dépêche de préparer une sorte de boyau avec de l’argile, espérant que ça suffira pour remplacer l’intestin de l’animal. Il mâchouille quelques feuilles magiques, les recrache dans la gueule de Van qui – miracle – se met à joyeusement remuer de la queue !
On pourrait penser l’histoire finie : tout est bien qui finit bien. Mais la vie nous joue bien des tours. Surtout dans les contes. Et d’ailleurs, on ne sait toujours pas pourquoi cette histoire est liée à la fête de la mi-automne ! Alors… Voyons… Les années passent, mais le caractère de la femme a changé, son esprit est confus, certainement à cause de ce bout d’intestin de chien. Des fois elle oublie, des fois, elle se contredit ou encore dit une chose et en fait une autre. Cela met Cuoi en colère, parfois. Mais le brave garçon pardonne. Jusqu’au moment où les faits et gestes de sa femmes deviennent imprévisibles, de plus en plus confus. « Qu’arriverait-il s’il lui prenait de mal soigner le banian ? Se souvient-elle qu’il ne lui faut que de l’eau pure ?».
Un après-midi, Cuoi s’absente (pour ramasser du bois de chauffage, oui. Des fois, il fait frais au Vietnam. Surtout dans les contes), tandis que sa femme jardine. Lui vient une envie pressante. Voyant le feuillage protecteur du banian, la femme se cache, soulève ses jupes et se soulage. Pipi sur le banian. Consigne brisée. Le monde tremble, bouge, tangue. Le sol explose, les racines de l’arbre jaillissent. Le tronc s’élève vers le ciel, encore et encore. De plus en plus haut, de plus en plus vite ! De retour, Cuoi assiste, abasourdi au spectacle hallucinant d’un tronc filant à une vitesse vertigineuse vers le ciel, dans un foisonnement de feuilles tourbillonnantes. Sans réfléchir, il court vers l’arbre. « Banian, reste là ! ». Le tronc file tout droit vers les nuages. Cuoi saute sur l’arbre, agrippe le tronc, perd l’équilibre, se rattrape de justesse à une branche grâce à sa hache. Sa femme, bouche bée et jupe retroussée les regarde, son mari et l’arbre, sans les voir vraiment. Son esprit est parti boire un thé ailleurs. Au terme d’une folle chevauchée, Cuoi finit par arriver sur la lune. Epuisé, il s’allonge sur le sol duveteux et gris.
Depuis, il y est resté.
En ce 15ème jour du 8ème mois lunaire, regardez attentivement la pleine lune : vous verrez la silhouette triste d’oncle Cuoi sous son banian, sa hache à ses côtés, rêvant d’un monde pour lui perdu, inaccessible.
On dit que le banian ne perd qu’une feuille par an et que celui qui la ramasse sera comme Cuoi : le magicien qui redonne la vie.
Et les gamins de chanter : « L'ombre de la lune est blanche, il y a un grand banian, il y a un vieux Cuoi, tenant un rêve..."
On mangera du canard laqué, de la citrouille, du taro (patate douce de couleur violette), des racines de lotus... Le soir venu, tout le monde apportera une attention particulière à la préparation d’un plateau d’offrandes de fruits, «Mam co trung thu». Puis, lorsque la lune sera la plus lumineuse, ce sera l’heure de «Pha co» littéralement «attaquer les friandises » (déguster ensemble), en s’accompagnant d’un the délicatement parfumé.
Je vous donne ici une version simplifiée. Les contenus les plus courants sont la crème de lotus ou graines de lotus, les cinq noix, la pâte de durian, la pâte de haricots rouge, la purée de dattes, la purée d’ananas confit, la purée de haricot mungo, la purée de soja ou un mélange de porc maigre haché, noix et fruits confits…
La tradition veut que le signal de la révolte des Chinois Han contre la dynastie mongole Yuan qui allait amener l’avènement des Ming ait été donné par le biais de messages cachés à l’intérieur de ces pâtisseries que seuls les Hans consommaient.
Ingrédients : 6 personnes
Pâte :
400 g de farine
30 g de lait en poudre
1 c. à s. de levure chimique
3 œufs
275 g de sucre
150 g de beurre doux
Garniture :
50 g de raisins secs
200 g de pâte de haricots verts mungo
1 c. à s. d’huile de soja
50 g de graines de sésame noires
Préparation de la pâte
Dans un bol, mélanger la farine, le lait en poudre et le sel.
Casser les œufs dans un autre bol, ajouter le sucre et fouetter les deux ingrédients durant environ 5 min. Ajouter le beurre fondu, mélanger tous les ingrédients (réserver un peu de ce mélange pour la dorure).
Tamiser la farine et la levure et ajouter à ce mélange. Bien mélanger pour former une pâte.
Déposer cet appareil sur un plan de travail légèrement fariné et travailler la pâte durant quelques minutes, jusqu’à obtenir une consistance lisse. Laisser reposer au moins 2h.
Reprendre la pâte et la couper en portions égales. Créer avec un emporte-pièce de petites formes circulaires.
Préparation de la garniture
Faire tremper les haricots mungo la veille.
Les égoutter et les faire bouillir dans 2 l d’eau. Réduire le feu et les faire cuire jusqu’à ce que la peau commence à s’enlever. Égoutter et verser dans une casserole.
Ecraser les haricots jusqu’à obtenir une pâte, puis ajouter un filet d’huile de soja et de sucre, laisser refroidir complètement.
Dans une casserole, ajouter un peu d’huile de soja et laisser les graines de sésame rôtir à feu vif jusqu’à ce qu’elles soient dorées et dégagent une odeur agréable.
Mélanger les graines à la spatule pour éviter qu’elles brulent et faire cuire durant 4 à 5 min, puis retirer du feu.
Préchauffer le four à 200ºC.
Munir la plaque à pâtisserie de papier sulfurisé
Assemblage
Façonner les morceaux de pâte sur le plan de travail pour leur donner une forme circulaire.
Ajouter la garniture au centre de chaque gâteau. Prendre les extrémités de la pâte et enrouler la farce dans une boule. Pincer la pâte pour la fermer.
Former chaque gâteau de lune avec un moule de forme ronde en pressant
Décorer chaque gâteau à l’aide d’une fourchette. Dessiner des motifs.
Badigeonner la surface avec le mélange d’œufs mis de côté.
Disposer les gâteaux sur la plaque à pâtisserie à une distance d’environ 2,5 cm les uns des autres.
Enfourner durant 5 min.
Devenus dorés, sortir, refroidir et badigeonner le décor avec un mélange de jaune et de blanc d’œuf battu.
Enfourner à 170° C durant 15 minutes supplémentaires.
Sortir. Laisser refroidir.
Déguster !
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