Pour le dictionnaire, sortir des sentiers battus signifie innover, explorer une nouvelle approche. Alors, la question est: "Peut-on encore faire un voyage en-dehors du tourisme de masse au Vietnam"? Pas évident de répondre à cette question. Il suffit de lire quelques questions sur les forums de voyage pour se rendre compte qu’une large part des voyageurs aspire «à aller en dehors des sentiers battus en vue de faire des rencontres authentiques». Sauf que dans les faits, la plupart de ces mêmes voyageurs partiront pour un séjour relativement court et iront voir tous les circuits culturels classiques ou circuits incontournables au Vietnam» de la région du Haut-Tonkin en particulier ou du Vietnam en général. Alors, mythe ou réalité? Quelques pistes et conseils…

Tout d'abord, il faut bien dire que partir pour la première fois pour un voyage en dehors des contrées occidentales, ça ressemble forcément à une vraie aventure et quelque part, ça l’est. On se retrouve dans un environnement culturel très différent du sien avec beaucoup de choses à découvrir et à apprendre. Ce qui satisfera la plupart des voyageurs. Après tout, quitter les sentiers battus n’est pas nécessairement un but obsessionnel en soi, cela peut être juste un pas de côté de 2-3 jours, lors d'un voyage dans des régions plus touristiques.
Ensuite, disons que si un voyage Vietnam hors des sentiers battus peut convenir à tous types de voyageurs, il s'adresse surtout à ceux qui connaissent déjà la destination et veulent la vivre différemment.
Et puis, il y a tous ceux qui veulent voyager autrement, ceux qui sont tombé amoureux d’une destination et veulent y vivre une expérience différente, en mode explorateur, un peu comme un rêve de gosse. Ceux-là aussi demandent du hors-piste ! Parce que voyager hors des sentiers battus, c’est voyager à sa façon. C’est découvrir les endroits les plus reculés d’un pays, les lieux que seuls les locaux et quelques initiés connaissent. C’est aller à la rencontre de la population locale, s’immerger dans leurs traditions, c'est prendre les moyens de transport empruntés par les locaux, etc. Sans parler des découvertes culinaires, moments exceptionnels de partages et d'échanges.
C'est aussi, pour certains, prendre conscience que l’afflux massif de touristes a un impact non négligeable sur les populations. Et pas que positif. Et qu'il s'impose alors de voyager différemment.
C'est enfin être moins passif dans son voyage. Il sera par exemple très souvent nécessaire de bafouiller quelques phrases clés dans la langue du pays, en l'occurrence le vietnamien. C’est certainement plus compliqué que de communiquer en français ou en anglais, mais quel plaisir quand on commence à se débrouiller ! Et si ça ne fonctionne pas, le langage corporel fait très souvent des merveilles avec en prime quelques fous rires partagés.
Alors… Est-il possible de concilier toutes ces aspirations lors d'un voyage au Vietnam, peut-on voyager en dehors des flux touristiques ?
La réponse est : oui, mais...
Oui, le Vietnam c'est toujours les femmes en áo dai, les paysannes au nón là, les rizières à perte de vue, le calme et la sérénité… Mais le Vietnam a changé, le Vietnam change. Il se développe avec frénésie, s’est un peu occidentalisé et puis surtout le tourisme explose, souvent de manière anarchique, faisant perdre un peu de leur charme à certaines icônes du pays. Oui, la Baie d'Halong est un site fabuleux et complètement magique. Mais la visiter hors des sentiers battus devient très difficile, sans être toutefois être impossible.
Oui, les minorités ethniques qui vivent dans les rizières en terrasse autour de Sapa sont le témoignage direct et bien vivant de la pluri-culturalité du Vietnam. Mais cette image de carte postale a attiré bien du monde. Sapa est désormais un haut lieu du tourisme vietnamien où les femmes du coin, toujours en costume traditionnel, vous démarchent dans un anglais (à peu près) parfait pour vous emmener en randonnée, suivant un itinéraire identique pour tous les touristes, dans une vallée très belle mais où on se suit à la queue leu leu pour en fin de journée, dormir dans des maisons d’hôte qui n’ont plus grand-chose de typique, dans un village qui possède désormais son spa, c'est tout dire! Et pourtant… A quelques enjambées de là, il n'y a pratiquement plus aucun touriste…
Comment faire pour profiter des sentiers buissonniers ?
Conseil n°1 : choisir une agence implantée localement (Et c'est un très bon conseil, malgré les apparences).
Votre premier réflexe sera probablement de fouiller sur le net en quête du circuit de vos rêves. Une pléthore de sites plus ou moins sérieux vous proposera de visiter le Vietnam. Pas de le découvrir, pas de le vivre, pas de rencontrer ses peuples. Il est d'ailleurs conseillé de ne pas se fier aveuglement aux posts des blogs de voyages, soit trop enthousiastes et aux photos trompeuses soit au contraire totalement négatifs, version désabusé 2.0. S'ils ont le mérite de la fraicheur du vécu, ils n'ont pas le professionnalisme de ceux qui font des voyages de repérages réguliers pour dénicher de nouvelles trouvailles, des hébergements insolites et des étapes intimistes. Pour les bloggeurs les plus connus, leur objectivité peut être un sujet de discussion pendant les longues soirées d'hiver…
Il faut bien garder en tête que s’éloigner des chemins balisés ne s’improvise pas, qu'un minimum d’anticipation et de préparation logistique est nécessaire. En un mot, ça demande un vrai travail de professionnel en amont. N’hésitez donc pas à recourir aux services d’une agence de voyage locale, spécialiste du Vietnam, composée d’une équipe de vrais passionnés, pas que de commerciaux. Ces professionnels privilégient la connaissance du terrain et des gens, la passion du voyage et l’enthousiasme à transmettre leur amour du Pays, voire de leur région. Ils sauront prendre le temps d’explorer les moindres recoins de la destination de vos rêves (S'ils ne les connaissent pas déjà).
Lors de leurs formations sur le terrain, ils auront testé les activités potentiellement intéressantes et pourront vous garantir un séjour conforme à vos attentes. Dans le cas de Sapa que nous citions plus haut, il existe un petit village voisin, connu d'un guide local qui se fera un plaisir de vous le faire découvrir. Vous trouverez peut-être la vallée un peu moins belle, mais vous vivrez vraiment une expérience humaine profondément authentique qui vous comblera totalement. Ce n'est possible que grâce à un guide local, recruté par une agence locale qui a tissé son réseau localement. Bonus : vous n'avez même pas besoin d'apprendre quelques mots dans le dialecte des H'mongs noirs qui habitent ce village ! Vous avez appris à dire "bonjour" en Vietnamien ? Xin chào ! Très bien ! Oubliez tout, en H'mong, on dit : Nyob zoo. Tout fier, vous savez (presque) prononcer correctement "merci", cảm ơn ? Las… Ici, c'est : Ua koj tsaug… Ce qui nous amène au conseil numéro deux :

Conseil n°2 : privilégier la rencontre avec les locaux
Quelle que soit votre région de destination, dites-vous que nul ne connaît mieux le Vietnam que les Vietnamiens ! Les locaux sont une vraie richesse pour celui qui sort des sentiers battus. Dans les régions qui ne sont pas prises d’assaut par les touristes (il y en a encore), les habitants sont peu accoutumés à recevoir la visite d’étrangers. Pour certains, ce sera la première fois qu'ils croiseront un occidental… Vous serez surpris de voir à quel point ils se réjouissent d’aider ceux qu’ils considèrent, avec amusement, comme une espèce bizarre, un truc comme des extraterrestres!
Mais là non plus, ça ne s'improvise pas. Le village où aller, y dormir. Connaitre les subtilités protocolaires (Même si ce terme est un bien grand mot, il est préférable de ne froisser personne – surtout si on vient avec de menus cadeaux). Comment s'y rendre… Car bien entendu, qui dit hors des sentiers battus dit zones moins faciles d'accès. (Voir conseil numéro 1, pour des réponses à ces questions…). Ce qui nous amène au conseil suivant :
Conseil n°3 : évitez les sites les plus connus
Ce conseil peut paraître une lapalissade, mais mieux vaut le répéter. Délaissez les endroits dont les noms sont sur toutes les lèvres et les photos sur tous les sites de voyage. Certes, ces plages/sites/monuments sont magnifiques, mais pas en mode boite de sardines. Hoi An n'est plus ce qu'elle était et Nha Trang vous donne de l'urticaire touristique ? Entre les deux – par exemple – se trouve la charmante station balnéaire de Quy Nhon et la plage difficile d'accès mais si exotique de Ky Co. Les deux n'étant connus que des seuls Vietnamiens ou presque. En panne d'idée nouvelle ? Le conseil numéro 1 devrait avoir quelques solutions pour vous.
Comparativement au tourisme de masse, les circuits hors des sentiers battus (pour peu qu'ils soient respectueux) favorisent le micro-tourisme. Ils facilitent et concilient accueil touristique et équilibres sociaux-économiques, préservation des écosystèmes et respect des populations locales. Sensible à ces aspects et parce qu'elle est viscéralement attachée à leur son, une agence locale sérieuse saura vous conseiller sur les logements chez l'habitant ou comment prendre un taxi-moto local. Ainsi, en sortant des grands sites touristiques, on contribue aussi au développement de régions moins fréquentées. Il est reconnu qu’un voyageur qui visite un village éloigné plutôt qu’une grande ville, va avoir un impact positif sur 10 à 20 familles durant son séjour.
Il aura dormi chez l’habitant ou dans la petite auberge locale, diné dans le petit restaurant du village voire dans la maison commune, pris part au tour guidé organisé par des membres de la communauté (Peut-être sur les conseils du guide qui connait bien ce village, c'est celui de sa belle-famille), acheté un souvenir artisanal produit par les femmes de la coopérative, etc. Les retombées du passage du voyageur sont donc mieux distribuées et d'impact plus positif. Si cette tendance de chemin buissonnier semble vouloir prendre de plus en plus d'importance sous l'appellation de "tourisme durable", elle reste pour le moment une formidable expérience individuelle et collective.
Il y a fort à parier que ces deux styles de tourisme se rapprochent dans l'avenir. Il semble que le Vietnam s'y prépare activement pour que, à la question: "Découvrir le monde autrement, tout en ayant un impact positif sur les communautés visitées, c'est possible?", la réponse soit un "oui" franc et non plus un "oui, mais…".
Le mot de la fin
Bizarrement, le tourisme de masse contribue à un certain mépris envers les touristes. Quand on voyage, nous sommes nous-mêmes touristes mais nous les fuyons à tout prix, avec pour but ultime de découvrir des endroits qui ne sont pour rien au monde "des endroits à touristes".
Hors des sentiers battus. Phrase bateau. Battus par qui ? Tout a déjà été conquis, foulé, cartographié. Les terrae incognitae n’existent plus. Nous ne vivrons, au mieux, que des expériences de sentiers moins battus que les autres. Est-ce à dire que les sentiers battus ne sont pas à vivre ? A expérimenter ? Qu’ils n’apportent rien sinon de la satisfaction à cette vulgaire espèce qu’on désigne du nom de "touristes"? Au fond, nous sommes tous des touristes, surtout aux yeux des locaux. Et qu’un sentier soit battu ou non, cela n’a, au fond, aucune importance. Il y aura toujours un quelqu’un avant soi. Il y aura toujours un quelqu’un après. Mais personne ne sera vraiment à notre place. Et au fond, c'est cela, voyager.
La véritable question à se poser est : Ce sentier, est-ce qu'il fait battre mon cœur ?
Proche des zones à touristes, se découvrent à ceux qui savent voir, des petits bijoux hors des sentiers battus dont on ne parle pas ou peu. Comme les coins à champignons. Quelques inspirations :
Escapades buissonnières dans le Nord
Heureusement pour vous, aficionados du hors-balisé-surpeuplé, il y a au Vietnam encore des endroits époustouflants avec peu de touristes, étant donné les difficultés de transports. Notamment sur les routes étroites, sinueuses, avec des cols de 15-20 km de long et en mauvais état du Nord et du "Grand-Nord", à la frontière de la Chine. Ce n'est pas très vendeur, mais c'est la réalité. Beaucoup de ces endroits ne sont pas accessibles aux gros bus, donc les TO les laissent de côté.
Parmi ceux-ci, la région de Y Ty, Bac Ha, vide de touristes à part les jours de marché (et encore, une grosse centaine de touristes au milieu de milliers de H'mong fleuris, c'est à peine si on les remarque), toute la région au nord de Ha Giang (Hoang Su Phi, Xi Man, Dong Van/Meo Vac), celle au nord de Cao Bang (Oui, les chutes de Ban Gioc sont célèbres et touristiques, mais la plupart des touristes ont un temps limité et optent donc pour Sapa, d'autant qu'il y a maintenant la nouvelle voie rapide), le lac Babe (sauf en week-end). En plus, dans tous ces coins, si vous voulez faire du trekking, vous ne rencontrerez personne. Guide pratiquement obligatoire, tant il faut savoir parler quelques mots de vietnamien, ne serait-ce que pour les transports. Si en soi, rien n'est insurmontable, il est tout de même plus confortable de vous faire accompagner dans la réservation du bon bus avec les bonnes indications pour savoir où descendre, si vous voulez absolument voyager par vous-même.
Si pour vous, la baie d'Halong c'est oui-mais-non-superbe-mais-trop-de-touristes, allez donc sur l'ile de Cô Tô, Quan Lan, dans la province de Quang Ninh, au nord de la Baie d'Halong ! Le site développe un tourisme communautaire et on dit : "Qui y est allé y retournera"… Une précaution avant de partir : se renseigner sur les jours de "ngày nước nam", ces jours (28 jours/mois) là, la mer est calme et l'eau est translucide. Les 2 jours restants, on ne peut pas prendre la mer.
Escapades buissonnières sur les Haut Plateaux du Centre
Cette région semble quelque peu boudée par les touristes. Pourtant, cohabite ici une grande diversité ethnique (44 groupes) : Gia-Rai, Rades, Bana, Sadong, Nhang, K'ho, H're... dont la culture, les croyances et les coutumes sont beaucoup plus complexes que celles du Nord. Le plus grand groupe minoritaire est le Jarai (ou Gia-Rai), avec une population d’environ 250 000 habitants.
Avec plusieurs jolies petites villes touristiques comme camp de base, dont Dalat, Pleiku et Kontum, la région est idéale pour la randonnée et le trekking, à la découverte des ethnies locales (qu'on surnomme les "Montagnards", les "Thuong" - les Vietnamiens restent en plaine), à la rencontre des derniers éléphants et de la faune sauvage. Ici, on organise des excursions à dos d’éléphant de plusieurs jours, en forêt ou vers des villages isolés. Malgré un passé pour le moins mouvementé, les Hauts Plateaux sont aujourd’hui une région sûre, loin de l’agitation des foules et est très appréciée des amateurs de balades hors des sentiers battus et aussi hors du temps.
On oublie les plus grandes grottes du monde, découvertes dans le centre du Vietnam et on se dirige vers le Parc National de Phong Nha Ke Bang, dans lequel se trouve deux autres grottes – grotte de Phong Nha et grotte Paradise. Moins connues, plus petites, elles sont tout autant magnifiques, entourées de nombreux plans d'eau avec plein de possibilités d'hébergement alentours. Buon Me Thuot, capitale du café, est une excellente base de départ pour visiter certains villages des minorités ethniques, le lac Lak et le magnifique parc national de Yok Don.
Dans le Sud des Hauts Plateaux du Centre Vietnam, la province de Dak Nong, pays des Mille Sources, a récemment ouvert ses portes au tourisme. Le voyageur peut désormais entrer dans une des dernières forêts à tigres du pays, aller sur les traces de l’explorateur Henri Maitre, faire un trek dans ce que les français de l’époque coloniale appelaient les Confins Insoumis, ou encore circuler en VTT dans un secteur ressemblant étrangement aux paysages de la "Suisse Cambodgienne" de Mondulkiri.
Escapades buissonnières au Sud : malgré le feu des projecteurs de la dixième saison de Koh Lanta, l'archipel de Con Dao est resté relativement préservé du tourisme de masse. Louez une moto pour profiter de l'ile principale à votre guise….
La zone de vestiges historiques et d’écotourisme de Xeo Quyt, n'est pas encore très connue, y naviguer sur les petits arroyos donne l’impression de se perdre dans une forêt vierge composée de cajeputiers et de mangrove. D'une superficie de 50 ha, ce paradis de la nature fut autrefois une base révolutionnaire pendant la guerre contre les Américains. Ce site a la particularité d'être intéressant non seulement pour ses paysages splendides, sa biodiversité mais aussi pour ses vestiges révolutionnaires.
En vous dirigeant vers certaines villes au bord du fleuve Mékong (Binh Thuan, Ninh Thuan, An Giang et Tay Ninh …), vous pourrez découvrir des ethnies minoritaires du groupe Mon – Khmer (Bahnar, Bru, Van Kieu) et du groupe Malayo-polynésien (Jaraï, Ede, Cham)…
Chau Doc, petite ville de la province de An Giang, est située à 7km de la montagne Sam, la plus haute du delta du Mékong et près de la frontière avec le Cambodge. La destination est considérée comme un lieu de pèlerinage local, il y a de nombreux sanctuaires et temples sur le chemin qui mène au sommet de la montagne. Le plus important est le temple Ba Chua Xu qui a son festival d'avril à juin.
Pour les ornithologues, il y a le parc Tra Su et sa tour d'observation. Les férus d'histoire se rendront sur la colline Tuc Dup qui a été dominée par les Viet Cong lors de l'assaut américain durant quatre mois. Pour un dépaysement garanti il est possible de passer quelques nuits sur une jonque (Prendre contact avec une agence).
Long Xuyen est une ville intéressante pour son village flottant, le plus authentique de la région de Ang Giang. Il y a également de nombreux différents lieux de culte dont la secte bouddhiste Hoa Hao fondée en 1939 par Hung Phung So. Il ne faut pas manquer non plus son immense cathédrale catholique avec sa tour de 55m.
Terminons avec Tra Vinh, qui est comme un avant-gout du Cambodge. La province et la ville du même nom est imprégnée de la culture khmère qui s'exprime par la centaine de pagodes khmères. Il ne faut pas manquer le temple Chua Ong qui date de 1556.
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