À environ 35 kilomètres à l’ouest de Hanoi, nichée au pied de la montagne Sai Son, s’élève l’un des joyaux les plus emblématiques du patrimoine spirituel vietnamien : la pagode du Maître à Hanoi. Connue localement sous le nom en Vietnamien de Chùa Thay (littéralement, « pagode du maître »), ou encore un autre nom en Vietnamien : Chùa Thiên Phúc et la pagode de la bénédiction céleste en francais, ce sanctuaire millénaire séduit les voyageurs par son architeture impressionnante, son atmosphère paisible, son histoire fascinante et son lien profond avec la culture vietnamienne, notamment l’art ancestral des marionnettes sur l’eau.
Construite au XIe siècle sous le règne de la dynastie de Ly et précisément du roi Ly Nhan Tong, la pagode du Maître à Hanoi a traversé les siècles, conservant son rôle de centre de culte bouddhique tout en devenant un haut lieu de pèlerinage. Érigée initialement comme un petit sanctuaire au bord de l’eau, elle s’est agrandie avec le temps pour devenir un complexe harmonieux, où spiritualité et nature se côtoient en parfaite symbiose.
Le site est structuré selon l’architecture classique des grandes pagodes vietnamiennes, avec trois parties distinctes :
Située à l’entrée du complexe sacré de la pagode du Maître à Hanoi, Chua Ha est le premier édifice que l’on découvre en franchissant les ponts de la Lune et du Soleil. C’est un espace ouvert, accueillant, où les fidèles et les visiteurs se rassemblent pour déposer leurs offrandes : encens, fleurs de lotus, fruits, gâteaux de riz, billets votifs ou parfois des objets symboliques dédiés aux divinités.
Les autels y sont disposés de manière traditionnelle, ornés de tentures rouges et dorées, de chandeliers en bronze, et de vases à long col contenant des tiges de bambou ou de fleurs fraîches. On y sent fortement la ferveur populaire : les prières s’élèvent dans un nuage de fumée d’encens, les murmures se mêlent au bruissement du vent dans les feuillages. C’est un lieu de contact direct avec le sacré, mais aussi un espace de vie communautaire où se croisent générations et récits familiaux.
Sur les murs latéraux, des panneaux en bois gravés racontent des légendes locales et des épisodes de la vie quotidienne modeste du moine de Tu Dao Hanh, offrant un premier aperçu du personnage central de la pagode du Maître à Hanoi. L’ambiance y est à la fois simple et vibrante, marquée par le va-et-vient continu des visiteurs.
En progressant vers le centre du complexe, on accède à Chua Trung, le cœur spirituel de la pagode du Maître à Hanoi, dédié au Bouddha historique (Shakyamuni). Cette pagode centrale, plus sobre et solennelle que Chua Ha, invite au recueillement profond.
À l’intérieur, trône une grande statue du Bouddha en position de méditation, entourée de bodhisattvas et d’arhats. Le regard du Bouddha, empreint de compassion, semble observer les fidèles en silence, tandis que des lampes à huile diffusent une lumière douce et chaude.
Mais ce qui impressionne surtout dans Chua Trung, ce sont les deux statues colossales des Dharmapala – les gardiens de la Loi bouddhique. Réalisées au XVIIe siècle en argile modelée et en papier traditionnel do, ces figures imposantes arborent une expression farouche, presque effrayante. Leurs yeux saillants, leurs muscles contractés, leurs tenues d’armure et leurs armes brandies leur donnent l’allure de protecteurs inflexibles. Ces statues avaient pour fonction de repousser les esprits mauvais et de protéger le sanctuaire intérieur. Elles symbolisent également la rigueur et la justice inhérentes à la pratique du Dharma.
L’architecture de Chua Trung est remarquable : charpente en bois massif sculptée de dragons et de nuages, plafonds à caissons laqués, colonnes ornées d’inscriptions anciennes. Ce lieu marque la transition entre la foi populaire de Chua Ha et la dimension mystique de Chua Thuong.
Perchée plus haut sur les flancs de la montagne Sai Son, Chua Thuong est accessible par un escalier de 250 marches en latérite, bordé de végétation luxuriante et de pavillons secondaires. Ce dernier sanctuaire, discret et enveloppé de silence, est dédié entièrement à Tu Dao Hanh, l’âme fondatrice de la pagode du Maître à Hanoi.
À l’intérieur, on découvre une série de 36 statues représentant les différentes réincarnations du bonze, chacune illustrant une étape de son parcours spirituel et de ses manifestations dans le monde terrestre. Ces sculptures, finement réalisées, transmettent l’idée de transformation continue, de cycle karmique, et du pouvoir du zen.
Les autels y sont plus dépouillés, reflétant la simplicité de la voie bouddhique que prônait Tu Dao Hanh. Pourtant, l’intensité mystique y est palpable. Des lampions rouges suspendus, des cloches en bronze, des rouleaux de prières et les offrandes des fidèles créent un espace profondément intime.
Selon la tradition, c’est ici que l’on vient prier pour la santé, la longévité ou la renaissance dans une existence meilleure. C’est aussi ici que l’on ressent pleinement la légende du maître zen, figure entre homme et immortel, entre moine et magicien, dont l’esprit habiterait encore les lieux
Face au sanctuaire principal, un paisible étang nommé Long Tri (« l’étang du dragon ») reflète les toits incurvés et patinés par le temps. Posé sur l’eau, un théâtre en bois sur pilotis du XVIIe siècle se dresse fièrement : il s’agit du plus ancien théâtre pour les spectacles de marionnettes sur l’eau du Vietnam, preuve tangible de l’importance culturelle de la pagode du Maître à Hanoi.
La renommée de la pagode du Maître à Hanoi est indissociable de celle de Tu Dao Hanh, un bonze zen au destin hors du commun. Mystique, philosophe, guérisseur, et artiste, il incarne à la fois la sagesse bouddhiste et les croyances populaires vietnamiennes. Né à Nam Dien, dans l’actuel arrondissement de Dong Da à Hanoi, Tu Dao Hanh refusa les honneurs mandarinate pour se consacrer à l’étude du bouddhisme en Inde. Il en revint transformé, investi de pouvoirs magiques, qu’il mit au service des villageois : soins, enseignements spirituels, initiation aux arts et aux jeux traditionnels.
Mais c’est surtout pour son rôle fondateur dans l’art typique des marionnettes sur l’eau qu’il est le plus vénéré. Il serait l’inventeur de cette forme d’art spectaculaire, mêlant humour, spiritualité et tradition agraire. Ce lien profond entre Tu Dao Hanh et l’art populaire renforce encore l’aura particulière de la pagode du Maître à Hanoi, perçue à la fois comme lieu de culte, de mémoire et de transmission artistique.
L’ensemble architectural de la pagode du Maître à Hanoi se distingue par son raffinement. Les toitures à double pente couvertes de tuiles anciennes, les colonnes de bois laqué, les linteaux sculptés de dragons et de phénix, tout ici évoque une grandeur discrète, faite de respect et de contemplation. En s’engageant sur les deux ponts aux noms poétiques – Nhat Tien Kieu (pont du Soleil) et Nguyet Tien Kieu (pont de la Lune) – le visiteur entre littéralement dans un autre monde.
Un sentier de 250 marches en latérite serpente ensuite jusqu’au sommet de la montagne environnante. Tout au long de cette ascension, plusieurs pavillons apparaissent, dédiés aux divinités de la nature – de la montagne, de la forêt, de la terre, de l’eau. Deux petits sanctuaires se démarquent : l’un honorant Quan Am, déesse de la miséricorde, et l’autre, abritant les reliques de Tu Dao Hanh.
Dans une grotte voisine appelée Cac Co, l’atmosphère devient plus mystérieuse. Un puits de lumière éclaire les autels et les statues du vénérable bonze, accentuant encore la dimension spirituelle du lieu.
Les amateurs d’art religieux et de sculpture ancienne seront profondément touchés par la richesse iconographique que renferme la pagode du Maître à Hanoi. Chaque salle, chaque autel, chaque recoin du sanctuaire semble abriter un fragment d’histoire sacrée, façonné avec soin par des générations d’artisans et de bonzes dévoués. Parmi les œuvres les plus remarquables, on peut citer :
Installé dans la pagode inférieure (Chua Ha). Véritable fresque en trois dimensions, cette œuvre impressionne tant par sa taille que par sa puissance expressive. Les scènes figurées – tourments infligés aux âmes pécheresses, punitions divines, gardiens infernaux – sont destinées à éveiller la conscience morale des fidèles, selon la tradition bouddhique. Sculpté dans le bois ou peint sur un support laqué (selon certaines versions), ce paravent n’est pas seulement décoratif : il est une leçon spirituelle en soi, soulignant les conséquences du karma et l’importance d’une vie vertueuse.
Symboles redoutables de la protection du Dharma – la loi bouddhique. Ces deux statues monumentales, datées du XVIIe siècle, sont réalisées dans un subtil mélange de papier traditionnel do et d’argile, une technique artisanale rare qui confère aux figures une texture légère mais pleine de présence. Vêtus d’armures de guerre, leurs visages expriment une puissance contenue, à la fois terrifiante et bienveillante. Ils incarnent l’énergie nécessaire pour écarter les démons de l’ignorance et préserver la pureté du message spirituel. Leur position stratégique de part et d’autre de la salle confère à l’espace une aura protectrice et sacrée.
Abritées dans la pagode supérieure (Chua Thuong), forment sans doute l’ensemble sculptural le plus fascinant du site. Chacune de ces statues représente une incarnation différente du maître, dans des attitudes variées : assis en méditation, en marche, enseignant, souriant ou en profonde introspection. Ces œuvres, taillées dans le bois, témoignent d’un souci du détail exceptionnel : plis des robes monacales, traits du visage expressifs, postures fines et équilibrées. Elles ne relèvent pas seulement de l’hommage religieux : elles racontent aussi un parcours spirituel hors du commun, celui d’un homme devenu mythe, d’un maître devenu légende.
Ces œuvres ne sont pas de simples décorations : elles forment un chemin pédagogique pour qui veut comprendre la spiritualité vietnamienne, entre bouddhisme, taoïsme et croyances populaires.
Le festival a lieu chaque année, du 5 au 8 mars du calendrier lunaire et la pagode du Maître à Hanoi accueille des milliers de pèlerins et de visiteurs à l’occasion de son grand festival. C’est l’un des temps forts spirituels de Hanoi et de ses alentours. Au programme : spectacles de marionnettes sur l’eau en plein air, processions, rituels bouddhiques, danses folkloriques et dégustation de plats végétariens préparés par les bonzes et les fidèles.
L’événement est également l’occasion d’honorer la mémoire de Tu Dao Hanh, avec des représentations théâtrales mettant en scène les épisodes légendaires de sa vie. Ce festival permet aux visiteurs de mieux comprendre le rôle central que joue la pagode du Maître à Hanoi dans la culture vietnamienne.
Accessible en une heure de route depuis le centre de Hanoi, la pagode du Maître à Hanoi constitue une échappée bucolique parfaite pour les voyageurs en quête d’authenticité. Elle peut être combinée à la visite de la pagode Tay Phuong, remarquable pour ses statues en bois laqué et du village ancien de Duong Lam, célèbre pour ses maisons de latérite et son atmosphère hors du temps. Vous pourrez aussi combiner avec les autres villages artisanaux autour de Hanoi.
En choisissant de visiter la pagode du Maître à Hanoi, on ne découvre pas qu’un site religieux : on entre dans un univers où l’histoire, les légendes et les pratiques culturelles se conjuguent pour offrir une expérience rare, profondément vietnamienne.
Située à environ 35 kilomètres à l’ouest de Hanoi, la pagode du Maître à Hanoi est facilement accessible. Pour s’y rendre, plusieurs options s’offrent aux voyageurs. Le moyen le plus pratique reste la voiture privée ou le taxi, permettant de rejoindre le site en un peu moins d’une heure via l’autoroute Thang Long – Hoa Lac. Ce trajet offre une belle immersion dans la campagne du delta du Fleuve Rouge, entre rizières et collines calcaires. Pour les voyageurs plus aventureux, il est également possible de louer une moto afin de profiter de la liberté du parcours et de s’arrêter dans les villages environnants. Les transports en commun restent limités, bien que certains bus locaux (par exemple ceux en direction de Xuan Mai ou Hoa Binh) puissent vous déposer à quelques kilomètres de la pagode, nécessitant ensuite un court trajet en moto-taxi. De nombreuses agences de voyage à Hanoi proposent aussi des excursions combinées à la journée incluant la visite de la pagode du Maître à Hanoi, de la pagode de l'Ouest ou de Tay Phuong et du village ancien de Duong Lam, pour une expérience culturelle complète.
La pagode du Maître à Hanoi peut se visiter toute l’année, mais certaines périodes sont plus propices pour en apprécier pleinement l’atmosphère. La meilleure saison s’étend de février à avril, lorsque le temps est doux, que la végétation est luxuriante et que l’air embaume les senteurs d’encens et de fleurs. C’est aussi durant cette période, plus précisément du 5 au 8 mars du calendrier lunaire, qu’a lieu le festival traditionnel dédié à Tu Dao Hanh, attirant pèlerins et curieux venus assister aux spectacles de marionnettes sur l’eau et aux rituels bouddhiques. L’automne (septembre à novembre) est également une excellente période : les températures sont agréables, les cieux souvent dégagés, et le site moins fréquenté. En revanche, la saison des pluies (mai à août) peut rendre l’accès plus difficile en raison des intempéries, et atténuer la beauté des paysages environnants. Pour une visite paisible, il est conseillé d’arriver tôt le matin, en semaine, afin d’éviter l’affluence des excursions organisées depuis Hanoi.
Lieu de culte, centre artistique, site historique, la pagode du Maître à Hanoi est bien plus qu’un monument. Elle incarne le syncrétisme religieux vietnamien, l’attachement aux ancêtres, la vitalité des traditions populaires et la beauté du paysage rural. Se rendre à la pagode du Maître à Hanoi, c’est renouer avec le silence, la ferveur et la mémoire d’un peuple. C’est comprendre que le Vietnam ne se résume pas à ses grandes villes ou ses plages, mais qu’il vibre aussi dans les replis d’une montagne, au pied d’un théâtre flottant, dans les gestes d’un bonze légendaire.
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