Comme beaucoup d’arts martiaux, le Viet Vo Dao ou Vovinam, est né dans les campagnes vietnamiennes pour se protéger et survivre dans un environnement pas toujours agréable. Synthèse très personnelle de différentes techniques de combat, Vovinam s’offre sa propre identité, entrant dans le patrimoine culturel du Pays du Dragon.
Plus discret que les vedettes japonaises ou coréennes des arts martiaux, le Viet Vo Dao est pourtant pratiqué dans une quarantaine de pays, un peu partout dans le monde. Cet art martial pas tout à fait comme les autres est né en 1938 à Hanoi, initié et codifé par son premier Grand Maitre : Nguyen Loc. Celui-ci, après avoir longuement étudié et pratiqué de nombreux arts martiaux et même la boxe, se lance dans le projet ambitieux de synthétiser 4 000 ans d’histoire, de pratiques, de traditions et de techniques en un seul courant. Avec pour objectif de surpasser ses propres faiblesses, de renforcer son esprit et de se tourner vers la victoire et l’initiative pour «Vivre, aider les autres à vivre et à vivre pour d’autres». Il baptise ce mouvement Võ Việt Nam, un mot impossible à prononcer par les colons français alors encore en place, d’où sa contraction en Vovinam, plus facile à dire. Littéralement, «Võ Việt Nam», qui signifie «art martial vietnamien».
Nguyen Loc nait le 8ème jour du 4ème mois de l'année du rat, soit le 24 avril 1912 du calendrier solaire, dans le village de Huu Bang - autrefois province de Son Tay, aujourd'hui rattaché à Hanoi. Il est l'aîné de 5 enfants, fils de Nguyen Dinh Xuyen et de Nguyen Thi Hoa. Pour survivre, sa famille doit déménager dans une modeste maison de la rue Armand Rousseau (aujourd’hui Lo Duc, derrière le marché Hom à Hanoi, dans Hai Ba Trung). Enfant à la santé fragile, son père l’envoie étudier les arts martiaux en espérant qu’il devienne plus fort et plus résistant grâce à cet entrainement. Jusqu’à l’âge de 26 ans, il étudie et pratique toutes sortes de techniques. Il faut savoir qu’à cette époque, les arts martiaux vietnamiens ne sont pas organisés : il existe autant de styles d’arts martiaux que de maîtres. Nguyen Loc voyage par tout le pays, apprend, s’entraine et décide de codifier rigoureusement et formellement toutes ces différentes façons de pratiquer. Il décède le 4ème jour du 4ème mois de l'année du rat du calendrier lunaire, soit le 29 avril 1960 ; ses cendres reposent au To Duong, le mythique club de Vovinam-Viet Vo Dao de Saigon, dans lequel vécu son successeur, le Maître Patriarche Lê Sáng, jusqu’à son décès le 27 septembre 2010.
En 1938, Nguyen Loc commence à enseigner à son premier groupe d'étudiants le résultat de cette synthèse. Dans ce groupe se tient un certain Le Sang, qui deviendra son disciple et ami le plus proche. C’est à lui qu’il transmettra tout son savoir et c’est lui qu’il nommera à sa succession dans la promotion et la diffusion du «mouvement Vovinam - Viet Vo Dao ». Il décède à l’âge de 48 ans, en 1960, laissant une femme et 9 enfants avec pour héritage un art martial qui depuis ne cesse de se développer. Il a aujourd’hui des centaines de milliers de disciples à travers le monde.
La première grande démonstration de ce qu’est le Vovinam a lieu à l’Opera de Hanoi, à l’automne 1939.L’annee suivante, le Vovinam participe au premier programme d’éducation physique et sportive organisé par le gouvernement colonialiste français. Présenté au gouvernement de l’époque comme une « gymnastique vietnamienne » le Viet Vo Dao est officiellement enseigné dès le printemps 1940 dans les classes de l’Ecole Normale, rue Cua Bach.
On verra trois niveaux de développement du Vovinam pendant cette période :
1940-1945 : le Vovinam se pratique seulement dans la capitale et ses environs. Ensuite, les trois dernières années de cette période, il sera pratiqué clandestinement.
1946-1948 : le Vovinam se répand timidement dans quelques provinces du nord, en cachette du gouvernement colonial français.
1954-1960 : Après la fin de la guerre d’Indochine, un gouvernement communiste se forme au nord. Nguyen Loc part alors avec la majorité de ses élèves pour le Sud Vietnam, récemment proclamé.
En 1960, suite à un coup d’état manqué, les arts martiaux sont interdits. C’est le jeune Tran Huy Phong qui continuera clandestinement à dispenser des cours de Vovinam. Le président Ngo Dnh Diem est assassiné en 1963 et en 1964, après la levée de l’interdiction de pratiquer les arts martiaux, Maître Lê Sáng est élu Maître Patriarche.
En 1964, le Maître Le Sang ouvre un centre d’entraînement dans la rue Vinh Vien de Saigon et réunit un groupe de disciples. Au cours de cette réunion, décision est prise de ne plus pratiquer le Vovinam en pantalons courts et le torse nu, mais d’utiliser des habits similaires à ceux qui utilisés en judo, et de couleur bleue. Autre fait marquant de cette réunion, la création du système de couleur des grades et ceintures. La période est marquée par une forte expansion de l’enseignement du Viet Vo Dao –Nhan Vo Dạo, y compris en Europe, dès les années 1972-73. En 1974, le Maitre Patriarche Le Sang donne son approbation pour la formation de la Fédération Internationale de Vovinam Việt Võ Đạo.
Le 27 mai 1975, à la fin de la guerre du Vietnam, les Maitres du Viet Vo Dao sont emprisonnés pour des raisons politiques et le Vovinam est à nouveau banni. C'est le début de la diaspora vietnamienne avec ses boat people et par ricochet de l'accélération du développement du Viet Vo Dao à travers le monde, alors qu'au Vietnam il n'est plus enseigné qu’en secret. Nombre de maîtres ont développé le Vovinam à l’étranger après avoir quitté le pays, particulièrement en France, en Belgique, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Le Maître Tran Huy Phong est libéré en 1980, après 5 ans de captivité. Le Maître Le Sang est libéré en 1988 après 13 années de détention. Il décède à Saigon le 27 septembre 2010, non sans avoir auparavant désigné une liste choisie de maîtres.
Le Viet Vo Dao s’est donné pour mission de former de vrais hommes, utiles à l’humanité. Suivant son slogan « Une main d’acier sur un cœur aimant », il présente tout un système philosophique riche et structuré qui puise ses origines dans "la millénaire philosophie orientale". Le Viet Vo Dao en tant que voie philosophique et spirituelle, tout autant que technique d’art martial, s’appuie sur 4 lois et 10 principes. D’ailleurs, Vovinam, c’est l’art martial du Vietnam tandis que Viet Vo Dao c’est la voie de l’art martial du peuple vietnamien. Vovinam – Viet Vo Dao est donc l’expression de l’importance de la philosophie dans la pratique d’un art martial. Ses grands principes peuvent se résumer ainsi :
Le Symbole : le Bambou (image de la droiture, de la souplesse et de la constance).
Le Salut : la main d'acier sur le coeur de bonté
La Devise : être fort pour être utile (fort physiquement, moralement et mentalement).
Principe : harmonie entre force et souplesse.
La Tenue : vo phuc bleu
Le But : formation de l'homme vrai, en dehors de toutes considérations politiques, raciales ou religieuses.
Tout l’art de la Voie peut être présenté dans les quelques observations suivantes :
La vie en toute chose ne doit jamais être isolée. Chaque vie est liée à un ensemble. L’homme ne peut pas exister sans la société. Ainsi l’attitude du pratiquant est celle de l’homme vivant en société et avec son prochain.
La Vie n’a de sens qu’avec un idéal ou un but.
Pratiquer le Viet Vo Dao, c’est vivre avec un but : la Voie. Pratiquer le Viet Vo Dao, c’est avant tout rechercher une Voie pour sa Vie et rechercher une Vie en harmonie avec d’autres Vies. Etre fort pour être utile doit être le souhait de tout pratiquant. Celui qui erre sans but dans la vie ne peut être ni fort ni utile réellement.
Œuvre de tout un peuple engagé tout au long de son histoire dans une lutte pour la définition et la préservation de son identité, Vovinam-Viet Do Dao est un art de combat et de défense qui développe des valeurs et des principes de respect, de persévérance, d’autodiscipline, d’humilité ou encore d’harmonie. Le Vovinam trouve sa voie dans l'harmonie du corps et de l'esprit, de l'attaque et de la défense, de la dureté et de la souplesse. Créé dans le contexte d’un pays en guerre à la fois civile et idéologique (1945-1975) et après avoir subi une longue période de colonisation (1862-1945), le Vovinam-Viet Vo Dao est l’aboutissement des principes lumineux du Maître Fondateur Nguyen Loc, enrichi des courants taoïstes, bouddhistes et confucianistes ainsi que de l’influence du christianisme et des pensées philosophiques occidentales. De nos jours, le Vovinam Việt Võ Đạo n’est plus uniquement réservé aux vietnamiens, mais il appartient désormais à l’histoire des arts martiaux et à la culture universelle des Hommes de bonne volonté.
Envie d’en savoir plus sur le patrimoine culturel du Vietnam ? Contactez une agence de voyage locale au Vietnam pour élaborer votre prochain séjour personnalisé au Pays des deux deltas.
Circuit court ou long, découverte des incontournables ou par des routes buissonnières, en voiture, en jonque, en rando, à vélo ou en moto… revenus de leur voyage en Indochine nos clients nous racontent leurs expériences. Merci à eux de nous faire confiance pour la prise en charge de leur séjour au Vietnam, au Cambodge, au Laos ou bien encore en Thaïlande et Myanmar !
Bons plans, nouveautés, conseils et infos culturelles du Vietnam, Laos, Cambodge, Birmanie et Thaïlande.
Nous sommes fiers et honorés de partager avec vous des articles de la presse spécialisée et celle-ci nous recommande depuis plusieurs années consécutives.
Vietnam Original Travel sur le Routard
Vietnam Original Travel sur Michelin
Vietnam Original Travel sur Lonely Planet
Comments
Répondre
Répondre
Envoyez vos commentaires sur : Le Viet Vo Dao, art martial du Vietnam
Champs obligatoires *
Donnez- nous votre avis !
Envoyez- vos commentaires sur le propramme : Le Viet Vo Dao, art martial du Vietnam
Champs obligatoires *