Avec un taux de croissance qui ne faiblit pas depuis plus de 10 ans, le Vietnam a besoin d’une main-d’œuvre qualifiée importante pour pérenniser son développement et sa modernisation. Cela passe par une éducation qui se doit de donner un accès équitable au système éducatif et de s’assurer de la bonne qualité des acquis des élèves et étudiants, le tout en adéquation avec le développement du pays et la modernisation en cours.
Etudiants vietnamiens - Cérémonie de remise des diplomes - Source : internet
Pendant 1 500 ans, le Viêt Nam a été annexé à la Chine des Hán. Comme dans toute l’Asie orientale, on y parlait la langue hán, le chinois classique et l’éducation était alors celle des enfants hán, pour l’essentiel les préparant au fonctionnariat. Les conséquences de cette domination restent encore visibles aujourd’hui dans certains aspects culturels, certains comportements et dans le vocabulaire. Il est à noter que la morale confucéenne fait de l’élévation par le savoir l’une des choses les plus nobles qui soient. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Ly Thang Tong (un des empereurs de la dynastie des Ly), à fonder dès 1070 à Thang Long, la future Hanoï, la première université du Vietnam, connue sous le nom de « Temple de la Littérature ». Il s’agissait alors de former une élite de lettrés et de hauts fonctionnaires d’Etat, les mandarins. Les tentatives de réforme, au 19ème siècle, échouent face au conservatisme de la monarchie. Il faudra attendre 1917, au moment de l’ouverture à tous de l’université, pour que les concours d’entrée à la fonction publique – toujours calqués sur le modèle confucéen - disparaissent.
Dans la seconde moitié du 19ème siècle, les Français tentent d’imposer l’apprentissage du français dès le primaire afin, à leur tour, de former (voire, formater) des cadres. Dans le même temps, l’administration coloniale favorise la diffusion de l’écriture vietnamienne romanisée, le quôc-ngu, adoptée par les élites vietnamiennes (souvent catholiques), par les écoles traditionnelles et par la presse nationaliste de la bourgeoisie naissante. Ce sera une école très sélective et une grande partie de la population restera analphabète : les chiffres de l’année 1943-1944 donnent 3,2 % de population scolarisée.
Une classe au Vietnam - Source : internet
À la suite de l’indépendance proclamée le 2 septembre 1945, le gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam se lance dans une campagne d’alphabétisation liée à une campagne de propagande intense. Le 8 septembre est créé le Département de l’éducation populaire qui organise une formation massive et accélérée de personnels dédiés à l’alphabétisation des masses. À la fin des années 50, à l’exception de celle des hauts plateaux, environ 90 % de la population sait lire et écrire. S’inspirant des modèles chinois et soviétique, les programmes éliminent les traces de « l’enseignement réactionnaire » colonial et s’orientent vers l’enseignement du marxisme léninisme. Cependant, trente années de guerre postcoloniale, française puis américaine, de 1945 à 1975, laissent le pays ravagé, y compris son système éducatif.
Après la réunification du pays en 1975, la troisième réforme éducative de 1979 établit un système national unifié d’éducation, énonçant en particulier les principes d’une éducation gratuite pour tous et intégrant les principes de l’idéologie socialiste. L’unification du système sera achevée en 1993.
Le système actuel nait à la fois de ces changements et de l’adaptation à la politique du renouveau. Connue sous le nom de Doi Moi – Le Renouveau – cette politique officialise, dès 1986, le passage d’une économie planifiée à une économie de marché, ainsi que la politique de la socialisation adoptée en 1996. Cette dernière revient à demander à tous les acteurs, dont les familles et les communautés locales, de participer au financement de l’éducation. Autrement dit, si le système éducatif fédère les énergies autour de l’éducation par et pour le peuple, sa mise en œuvre peut aussi passer par l’ouverture d’établissements privés et d’écoles du peuple financées localement, venant ainsi pallier à l’insuffisance des moyens.
L’éducation formelle comprend douze années d’enseignement de base répartis comme suit : cinq ans d’enseignement primaire, quatre ans d’enseignement secondaire et trois ans d’enseignement lycéen. Gérée par le Ministère de l’Éducation et de la Formation, elle se structure en 5 niveaux comme suit :
– préscolaire (à partir de 18 mois)
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L’uniforme est de rigueur au sein des établissements, du primaire jusqu’à la fin du secondaire. La discipline y est assez stricte. Il faut dire qu’il n’est pas rare que certaines classes comptent jusqu’à 50 élèves ! Quant aux rapports professeurs-élèves, ils sont plutôt « verticaux » et empreints d’une déférence héritée du confucianisme.
Le primaire au Vietnam - Source : VNExpress
Comme vu plus haut, système éducatif vietnamien se compose du préscolaire, du primaire, des deux cycles du secondaire et du supérieur. À ces différents niveaux, la distinction est faite entre la filière générale et les filières techniques et professionnelles, l’enseignement non formel et la formation continue. Seule la scolarité à l’école primaire est obligatoire et gratuite.
Avant 6 ans, il n’est obligatoire d’aller à l’école.
Le préscolaire comporte les crèches et garderies familiales pour les enfants âgés de 3 à 36 mois, et les écoles maternelles pour les enfants âgés de 3 à 6 ans. Conséquence d’une offre publique faible et de la politique de socialisation de l’éducation, plus de 61 % des écoles du préscolaire sont aujourd’hui privées.
Lorsque l’enfant a 6 ans, il est temps d’aller officiellement à l’école.
À l’école primaire, les élèves étudieront la littérature, les mathématiques, l’histoire, la géographie, etc. qui sont enseignées par un enseignant qui fait également office de professeur principal. Les autres matières (art, musique, éducation physique, etc.), sont enseignées par d’autres enseignants. Les élèves qui terminent le primaire poursuivent leurs études dans le secondaire, sans passer par la case examen d’entrée.
Le primaire comporte cinq niveaux (classes 1 à 5) et accueille les enfants âgés de 6 à 10 ans. Compte tenu du manque d’écoles (surtout en zone rurale), de classes et de la pénurie d’enseignants, il existe encore de nombreuses classes à double flux, soit le matin (7h-11h), soit l’après-midi (13h-17h). À quelques rares exceptions près, chaque commune dispose au moins d’une école primaire. Les élèvent étudient du lundi au samedi et sont en congés au moment du Têt du nouvel an lunaire vietnamien, et en été, ils sont en vacances de la mi-juin à la mi-août. Si l’école publique est en théorie gratuite, les parents doivent payer les livres et les fournitures mais également donner une petite enveloppe au professeur afin que celui-ci s’occupe convenablement de leur enfant.
A noter également que les autorités font depuis des années des efforts considérables pour rendre accessible au plus grand nombre l’école primaire sur l’ensemble du territoire vietnamien, y compris dans les zones montagneuses les plus reculées. Si vous avez l’occasion de faire de la rando dans le nord du Vietnam vous serez surpris de voir une école nichée dans un relief sauvage et très escarpé où vivent les communautés locales pour lesquelles parler vietnamien ne va pas forcément de soi. Ce sont très souvent de très jeunes enseignants qui y sont envoyés pour effectuer leurs premières armes.
L’une des principales préoccupations tient à l’abandon des études en cours ou à la fin de ce cycle, à quoi s’ajoute un faible niveau des acquis des élèves.
Le secondaire au Vietnam - Source : VNExpress
L’enseignement secondaire de base regroupe les classes 6 à 9 et accueille les enfants âgés de 11 à 14 ans. La fin de cycle est marquée par le baccalauréat et permet de passer les examens d’entrée à l’université, un moment crucial dans la vie des élèves du secondaire.
Comme pour le primaire, les abandons sont fréquents à ce niveau. En effet, dans certaines régions industrielles ou dans les zones où l’agriculture constitue l’essentiel des débouchés, l’utilité du secondaire supérieur apparaît faible aux familles, surtout si on fait la somme des coûts induits (frais de scolarité, manque à gagner du fait de l’inactivité professionnelle des jeunes, coûts de transport voire d’hébergement, etc.). Malgré les efforts de généralisation de l’éducation de base universelle et la lutte contre l’abandon scolaire, beaucoup de jeunes enfants de paysans arrêtent alors l’école durant le secondaire pour aider leurs parents.
Le deuxième cycle d’enseignement secondaire (classes 10 à 12) rassemble les élèves âgés de 15 à 18 ans.
Les examens de fin de secondaire et ceux d’entrée à l’université ont une très grande importance dans la vie des élèves du secondaire et de leurs parents. Offrant la possibilité d’accès à l’université, leur réussite est une condition incontournable pour un avenir meilleur pour la famille. Cette nécessité de réussir, associée au mode d’évaluation des enseignants sur la base de la réussite de leurs élèves aux examens, s’est transformée en obsession, source de tricheries et de corruption contre lesquelles les autorités sont supposées s’activer.
A ce stade, il est possible d’arrêter la formation générale et de commencer à travailler. Le travail sera alors surtout de type manuel, difficile et pas très bien payé. Les cas d’arrêt d’études au secondaire sont souvent dus à un environnement familial difficile qui pousse le jeune étudiant à aller travailler pour rapporter de l’argent dans la famille.
Etudiants portant l'Ao Dai traditionnel pour homme - Source : Internet
L’enseignement supérieur comprend la licence, la maîtrise et le doctorat. On y trouvera une multitude de formations courtes, de deux ou trois ans, proposées par certaines universités, ainsi que par des écoles normales supérieures ou polytechniques. Par ailleurs, l’université offre des formations de trois à quatre années qui préparent aux diplômes d’études universitaires. À l’issue de l’examen, les étudiants peuvent poursuivre dans le post-universitaire : master (deux ans) et doctorat (trois à quatre ans).
Face au manque d’universités, d’enseignants, aux coûts de construction, d’entretien et de fonctionnement, la tendance est aux partenariats avec l’étranger et le développement d’une offre privée. Le défi de l’enseignement supérieur est triple : trouver des financements suffisants en adéquation avec les besoins, mettre en œuvre une gestion adéquate pour développer une offre de formation de qualité (dont celle des enseignants), ne pas aggraver les inégalités d’accès.
Ayant fait d’énormes progrès en finalement assez peu de temps, le système éducatif vietnamien est à un moment clé de son évolution, tiraillé entre son héritage confucéen et les réalités économiques, sociales et culturelles de l’ouverture à l’international.
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