Saviez-vous que le 19^ème siècle a vu fleurir quantité de versions de la fameuse statue newyorkaise ? Il n’était pas une ville, pas une capitale du monde qui ne voulait « sa » statue de la liberté. Y compris Hanoi.

Lady Liberty of Hanoi, une histoire méconnue

Depuis son installation en 1886 à New-York, la célèbre Lady a inspiré de nombreuses répliques plus ou moins fidèles. Bartholdi lui-même en fera une pour un ingénieur civil qui la lèguera par la suite à la ville de Hanoi. Ce qui faisait dire aux Hanoïens qu’ils avaient la seule vraie et authentique réplique de la célébrissime statue…

La liberté éclaire le monde et Hanoi

C’est un an après sa grande sœur - soit en 1887 – que la version hanoïenne de « la liberté éclairant le monde » a été érigée dans l’actuel square Ly Thai To. Réplique exacte certes, mais minuscule, de la célébrité newyorkaise : 2,85 m de hauteur. En 1890, une autre statue prendra sa place, celle du Résident général du protectorat de l’Annam-Tonkin, Paul Bert, décédé du cholera plus tôt dans l’année.

Mais comment cette réplique de la statue américaine est-elle arrivée là ? Elle a été léguée à la ville par un certain Mr. Gaget, ingénieur civil de son état. Il est par ailleurs fort probable que ce soit Bartholdi lui-même qui soit à l’origine de cette demande de leg. Toujours est-il qu’on a retrouvé une lettre manuscrite des autorités coloniales de l’époque (sous la plume du Secrétaire General d’Annam et Tonkin) acceptant le don de la statue et précisant que « Selon votre désir, cette statue ornera une des places publiques de la ville de Hanoï».

Une statue et un pagodon

A peine arrivé à peine statufié, Paul Bert chassa en quelque sorte la statue de la liberté, qui se retrouva alors au sommet de la tour de la tortue, monument iconique de Hanoi, qui trône au milieu du lac de Hoan Kiem. L’évènement n’est pas passé inaperçu : non seulement le geste s’apparentait à un sacrilège pour les vietnamiens qui voient en la tortue un animal sacré (même la presse locale a commenté le symbolisme offensant de cet acte), mais les anticolonialistes de l’époque ne se gêneront pas pour souligner l’humour noir d’une statue de la liberté trônant au cœur d’un pays soumis à une autorité étrangère… Qu’à cela ne tienne, on baptisera ladite statue en Statue de Madame Saux, une célèbre inconnue dont personne n’avait entendu parler. On imagine bien que le subterfuge a rencontré un succès plus que mitigé. Et la statue de prendre quartier dans l’ancien square Neyret - aujourd’hui la petite place qui borde la rue Cua Nam (rue de la porte du Sud). Elle fera là l’objet de l’incompréhension des riverains qui ne voyaient en elle qu’une Ba Dam Xoe - une dame étalant ses jupes.

Tout a une fin

Nous sommes le 1er aout 1945. La France perd le contrôle sur l’Indochine française. Le maire de Hanoi, un anticolonialiste répondant au nom de Tran Van Lai, décide de faire déboulonner toutes les statues de la capitale et de le les faire fondre au village de fondeurs de Ngu Xa, situé sur l’île du lac Truc Bach. Pour anecdote, il y a toujours des fondeurs dans ce quartier sympa. Lady Liberty de Hanoi finira donc coulée avec d’autres.

Peut-être vit-elle une autre incarnation dans une des statues de Bouddha présentes dans la pagode de Truc Bach ? Apres tout, elles ont été faites à partir de la fonte des anciennes statues… Qui sait…

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