À Hué, l’ancienne capitale impériale du Vietnam, l’art ne se limite pas aux palais et aux tombeaux royaux. Il flotte aussi dans les airs, coloré et léger, sous la forme de cerfs-volants majestueux. La fabrication des cerf-volants à Hué n’est pas qu’un simple artisanat, mais une véritable tradition séculaire, transmise de génération en génération. Ces objets poétiques incarnent l’âme du peuple vietnamien, mêlant créativité, habileté et spiritualité.
La fabrication des cerf-volants à Hué remonte à l’époque des Nguyễn, lorsque la ville était la capitale du pays. Les empereurs appréciaient ce divertissement raffiné, souvent associé aux loisirs printaniers et aux cérémonies.
Lien avec le ciel : Dans la culture vietnamienne, la fabrication des cerf-volants à Hué n’est pas un simple divertissement, mais une pratique spirituelle. Lorsqu’un cerf-volant s’élève, il devient un messager reliant la terre au firmament. Le fil tendu entre les mains de l’homme et le ciel symbolise une prière silencieuse adressée aux divinités. On croit que le souffle du vent qui anime la toile colorée porte les vœux de prospérité, de santé et de paix vers les ancêtres et les dieux protecteurs.
Harmonie : Chaque cerf-volant est est conçu avec une minutie exceptionnelle, où la souplesse du bambou épouse la finesse de la soie. Cette union entre matériaux naturels reflète l’idée d’harmonie universelle. Les artisans de Hué affirment que la beauté d’un cerf-volant ne réside pas seulement dans ses couleurs ou ses formes, mais dans sa capacité à se fondre avec le vent, à danser avec les nuages et à rappeler l’équilibre fragile entre l’homme et la nature. C’est une leçon silencieuse d’humilité et de respect de l’environnement.
Chance et prospérité : Dans l’imaginaire populaire, un cerf-volant qui s’élève haut et plane longtemps dans le ciel annonce des augures favorables. Plus il se maintient, plus il attire la chance et la prospérité sur la famille qui l’a façonné. Lors des festivals à Hué, il n’est pas rare de voir des habitants suivre des yeux leurs cerfs-volants, espérant qu’ils restent suspendus aux vents bienveillants. Ce vol gracieux devient alors un signe de bonheur, une promesse de récoltes abondantes, de réussites et de sérénité dans la vie quotidienne.
Matériau central dans la fabrication des cerf-volants à Hué, le bambou est sélectionné avec une grande minutie. Les artisans choisissent de jeunes tiges à la fois légères, souples et résistantes, capables de se plier sans se briser. Après la coupe, le bambou est séché naturellement au soleil durant plusieurs jours, parfois même des semaines, afin d’éliminer toute humidité et de garantir une ossature solide et durable. Les maîtres-artisans le travaillent ensuite avec précision : ils le fendent en fines lamelles, le polissent pour éviter les aspérités et le chauffent doucement à la flamme pour lui donner la courbure parfaite. Ce processus patient permet d’obtenir une armature équilibrée, condition essentielle pour assurer la stabilité et l’élégance du vol. Dans chaque cerf-volant de Hué, le bambou n’est pas seulement un support matériel, mais une véritable colonne vertébrale, symbole de flexibilité et de résistance, qui relie la tradition à l’art du ciel.
Papier dó : Le papier dó, issu de l’écorce d’un arbre traditionnel du Nord du Vietnam, est réputé pour sa solidité et sa souplesse remarquables. Utilisé depuis des siècles dans l’artisanat et la calligraphie, il est à la fois fin, léger et étonnamment résistant à l’humidité. Dans la fabrication des cerf-volants à Hué, il permet de créer des surfaces harmonieuses et aériennes, épousant parfaitement l’ossature en bambou. Sa texture naturelle donne un rendu élégant, idéal pour dessiner des motifs traditionnels tels que dragons, phénix ou fleurs de lotus, tout en garantissant un vol stable et durable.
Soie colorée : La soie colorée, véritable symbole de raffinement, est privilégiée pour les cerfs-volants de prestige, notamment ceux présentés lors des concours ou des démonstrations artistiques. Sa brillance naturelle et sa fluidité offrent des effets visuels spectaculaires sous les rayons du soleil. Les artisans de Hué choisissent des teintures vives – rouge impérial, jaune royal, vert jade ou bleu azur – afin de donner vie à des œuvres qui allient grâce et magnificence. Au-delà de l’esthétique, la soie confère aux cerfs-volants une légèreté exceptionnelle, leur permettant de s’élever haut dans le ciel et de captiver les spectateurs par leur éclat majestueux.
Dans la fabrication des cerf-volants à Hué, les couleurs jouent un rôle essentiel, presque aussi important que l’ossature en bambou. Les artisans privilégient des pigments naturels, élaborés à partir de ressources locales comme les feuilles, les racines ou encore certaines écorces, ce qui confère aux teintes une profondeur et une authenticité particulières. Chaque nuance n’est pas choisie au hasard : le rouge vif évoque la prospérité et l’énergie vitale, le jaune d’or rappelle la majesté impériale, tandis que le bleu et le vert symbolisent la sérénité de la nature et des rivières.
Une fois préparées, ces teintures sont appliquées avec une minutie extrême, parfois au pinceau très fin, afin de dessiner des motifs élégants et complexes. Les dragons aux écailles flamboyantes, les phénix aux ailes déployées ou les fleurs de lotus délicatement ouvertes prennent vie sur la surface du papier ou de la soie. Ce travail demande patience et savoir-faire, car l’artisan doit doser chaque couleur pour maintenir l’équilibre visuel et l’harmonie spirituelle.
Grâce à cette palette vivante, les cerfs-volants de Hué ne sont pas seulement des objets ludiques, mais de véritables œuvres d’art suspendues dans le ciel, reflétant à la fois l’identité culturelle vietnamienne et l’élégance héritée de l’époque impériale.
Dans la fabrication des cerf-volants à Hué, le choix du bambou est une étape capitale qui conditionne la qualité du vol. Les artisans parcourent souvent les villages environnants pour trouver des tiges de bambou jeunes, droites et exemptes de fissures. Ils privilégient les variétés locales réputées pour leur souplesse et leur résistance naturelle. Chaque tige est ensuite séchée à l’ombre afin d’éviter qu’elle ne se fende, un processus pouvant durer plusieurs semaines.
Une fois prêtes, les tiges sont minutieusement examinées : les parties trop épaisses, rigides ou noueuses sont éliminées, tandis que les segments les plus fins et souples sont conservés pour former l’ossature. L’œil expert de l’artisan, acquis après des années d’expérience, lui permet de distinguer le bambou qui pliera sans casser, garantissant ainsi la stabilité et l’équilibre du cerf-volant dans le ciel. Cette exigence dans la sélection donne à chaque création une légèreté et une élégance uniques, caractéristiques de la tradition de Hué.
Cintrer les baguettes au feu : Le cintrage des baguettes de bambou au feu est une étape fondamentale. Les artisans approchent doucement chaque tige de la flamme pour lui donner une courbure régulière sans la briser. Ce geste, qui requiert à la fois patience et minutie, métamorphose un simple morceau de bambou en une structure souple et harmonieuse, prête à accueillir la voile du cerf-volant.
Relier solidement grâce à des cordes en chanvre ou en nylon : Une fois les baguettes cintrées, elles sont fixées entre elles grâce à des cordes solides en chanvre ou en nylon. Le choix du lien n’est pas anodin : le chanvre, traditionnel et écologique, confère un aspect authentique, tandis que le nylon, plus moderne, assure une résistance optimale. Cet assemblage, réalisé avec minutie, garantit la solidité de l’armature tout en conservant sa légèreté.
Vérifier l’équilibre, condition essentielle au bon vol : Avant d’habiller l’ossature de papier ou de soie, l’artisan procède à un contrôle minutieux de l’équilibre. Chaque baguette doit être parfaitement alignée pour que le cerf-volant ne penche ni à gauche ni à droite lors de son envol. Cette vérification, parfois répétée plusieurs fois, conditionne le succès du vol : un cerf-volant bien équilibré peut s’élever haut dans le ciel et planer gracieusement, reflétant tout le savoir-faire de son créateur.
C’est l’étape qui distingue la fabrication des cerf-volants à Hué des autres régions :
Motifs impériaux (dragon, phénix, tortue, licorne) : Dans la fabrication des cerf-volants à Hué, les motifs impériaux occupent une place prestigieuse. Le dragon, symbole de puissance et de prospérité, incarne l’autorité royale et la vitalité. Le phénix, messager de beauté et de renaissance, évoque la grâce et l’harmonie féminine. La tortue, gardienne de la sagesse et de la longévité, rappelle la stabilité et la persévérance. Enfin, la licorne, animal mythique protecteur, représente la justice et la bienveillance. Chaque figure, héritée de la culture impériale, confère aux cerfs-volants une dimension noble et spirituelle, digne de l’ancienne capitale.
Symboles bouddhistes et taoïstes : Les artisans de Hué intègrent également des symboles religieux, qui renforcent la portée spirituelle des cerfs-volants. Le lotus, associé au bouddhisme, exprime la pureté et l’élévation de l’âme au-dessus des impuretés du monde. Les nuages et cercles taoïstes traduisent l’harmonie universelle, la quête de l’équilibre entre le yin et le yang. Ces ornements, peints avec délicatesse, transforment le cerf-volant en objet méditatif, où le vol dans le ciel devient une prière silencieuse et un lien avec le sacré.
Inspirations contemporaines, intégrant parfois des paysages de la rivière des Parfums : Si la tradition reste dominante, la fabrication des cerf-volants à Hué n’exclut pas la créativité moderne. Certains artisans choisissent de représenter des paysages emblématiques, comme la rivière des Parfums, les pagodes ou les ponts illuminés de la ville. Ces inspirations contemporaines reflètent la volonté d’adapter l’art ancien aux sensibilités actuelles, en mêlant patrimoine et modernité. Ainsi, un cerf-volant décoré d’un coucher de soleil sur la rivière des Parfums n’est plus seulement un objet de vol, mais une œuvre picturale flottant dans les airs, capable de séduire aussi bien les habitants que les voyageurs du monde entier.
Le choix et la tension du papier ou de la soie : Le papier dó traditionnel ou la soie fine, soigneusement sélectionnés pour leur résistance et leur souplesse, sont délicatement posés sur l’armature en bambou. Cette étape exige une précision extrême : la matière doit être tendue de façon homogène afin d’éviter toute irrégularité qui pourrait perturber l’équilibre du cerf-volant en plein vol.
Le collage avec la sève naturelle : Pour fixer durablement le revêtement, les artisans utilisent une colle élaborée à partir de sève naturelle. Ce procédé ancestral, respectueux de l’environnement, assure non seulement une adhérence solide mais aussi une grande légèreté à l’ensemble. La sève confère une souplesse particulière qui permet au cerf-volant de mieux résister aux variations du vent.
L’attache de la ficelle de vol : Une fois la structure recouverte et consolidée, la dernière opération consiste à fixer la ficelle de vol. Celle-ci est attachée avec un soin minutieux au centre de gravité exact de l’armature. Ce point d’ancrage est capital : il garantit que le cerf-volant s’élèvera harmonieusement, sans basculer ni tourner sur lui-même. Les maîtres-artisans testent souvent plusieurs fois l’équilibre avant de valider la finition.
Les cerfs-volants plats représentent la forme la plus simple et la plus ancienne de cet art à Hué. Leur structure légère, composée de fines baguettes de bambou croisées et recouvertes de papier dó ou de soie colorée, permet une fabrication rapide et accessible à tous. Faciles à équilibrer, ils s’élèvent gracieusement dans le ciel dès la moindre brise. Dans les villages de la région, ces modèles sont particulièrement appréciés des enfants qui les confectionnent eux-mêmes après l’école, perpétuant ainsi une tradition populaire et joyeuse. Leur simplicité n’enlève rien à leur charme : décorés de motifs géométriques ou floraux, ils traduisent la créativité spontanée des habitants et incarnent l’esprit festif des campagnes de Hué.
Dragon : symbole de puissance et de prospérité : Dans la fabrication des cerf-volants à Hué, le dragon occupe une place d’honneur. Représenté avec un corps sinueux et des écailles colorées, il incarne la force vitale, le pouvoir impérial et la prospérité. Lorsque le dragon s’élève dans le ciel, ses ondulations rappellent les mouvements majestueux des fleuves vietnamiens, porteurs de fertilité et de richesse. Admiré depuis des siècles, ce cerf-volant est considéré comme un talisman, capable d’attirer chance et réussite à ceux qui le font voler.
Phénix : associé à la beauté et à la renaissance : Symbole universel de la grâce et du renouveau, le phénix est l’un des motifs les plus poétiques de la fabrication des cerf-volants à Hué. Ses ailes déployées, aux teintes flamboyantes, traduisent la délicatesse et l’harmonie, mais aussi la promesse d’un éternel recommencement. Dans la culture vietnamienne, le phénix est étroitement lié à la féminité, à l’élégance et à la noblesse. Voir un cerf-volant phénix flotter dans le ciel, c’est contempler la beauté intemporelle et la résilience de l’âme vietnamienne.
Poisson : rappel des légendes maritimes et du fleuve : Le poisson, fréquemment représenté dans la fabrication des cerf-volants à Hué, est inspiré de légendes populaires comme celle de la carpe se transformant en dragon après avoir franchi les portes du ciel. Symbole de persévérance, de sagesse et de réussite, il évoque aussi la proximité du peuple vietnamien avec les fleuves et la mer. Colorés de bleu, de vert et d’argent, ces cerfs-volants rappellent les écailles scintillantes sous le soleil et semblent nager librement dans l’océan du ciel, unissant mythe et réalité.
Particularité de Hué, certains modèles intègrent de petites flûtes en bambou. Lorsqu’ils s’élèvent dans le ciel, le vent produit une mélodie douce et mystérieuse.
La fabrication des cerf-volants à Hué est avant tout une histoire de transmission familiale. Dans de nombreux foyers, l’art de choisir le bambou, de tendre la soie et de peindre les motifs impériaux se transmet de père en fils ou de mère en fille, comme un trésor inestimable. Chaque génération ajoute sa touche personnelle, tout en respectant les techniques ancestrales. Cette continuité garantit la préservation d’un savoir-faire vieux de plusieurs siècles et fait de chaque cerf-volant un témoin vivant de l’histoire de Hué.
Parmi ces artisans passionnés, certains se distinguent par leur talent exceptionnel et leur créativité sans limites. Appelés « nghệ nhân », ces maîtres artisans sont considérés comme de véritables gardiens du patrimoine. Leurs œuvres monumentales, parfois longues de plusieurs mètres, ont traversé les frontières pour être présentées lors de festivals internationaux en Asie, en Europe ou encore en Amérique. Grâce à eux, la fabrication des cerf-volants à Hué s’élève au rang d’art reconnu dans le monde entier, suscitant admiration et respect pour l’ingéniosité vietnamienne.
Au-delà du plaisir esthétique, la fabrication des cerf-volants à Hué joue un rôle éducatif essentiel. Conscientes de l’importance de préserver ce patrimoine, les écoles locales organisent régulièrement des ateliers pratiques. Les enfants y apprennent à manipuler le bambou, à dessiner des motifs traditionnels et à comprendre les valeurs culturelles associées à cet art. Ces activités pédagogiques, à la fois ludiques et enrichissantes, éveillent leur créativité et renforcent leur sentiment d’appartenance à une identité culturelle unique.
Le Festival de Hué est l’un des événements culturels les plus emblématiques du Vietnam, célébré tous les deux ans dans l’ancienne capitale impériale. Au-delà des spectacles traditionnels de musique et de danse, les cerfs-volants y tiennent une place de prestige. Les maîtres artisans rivalisent d’imagination pour concevoir des modèles aux dimensions spectaculaires, parfois longs de plusieurs mètres et décorés de motifs impériaux ou mythologiques. Ces créations monumentales, s’élevant dans le ciel au-dessus de la rivière des Parfums, offrent un spectacle à la fois poétique et grandiose, véritable hommage au raffinement artistique de Hué.
En parallèle du festival, des concours traditionnels de cerfs-volants sont organisés dans les villages et sur les esplanades de la ville. Les critères d’évaluation vont bien au-delà de la simple esthétique : les juges observent la précision de la fabrication, la finesse des décorations, la capacité du cerf-volant à se maintenir en altitude, ainsi que son originalité. Certains modèles intègrent des flûtes de bambou qui résonnent au gré du vent, ajoutant une dimension musicale et mystérieuse au concours. Ces compétitions renforcent l’esprit communautaire et permettent aux générations de transmettre leurs savoir-faire.
La dimension touristique de cet art ancestral est aujourd’hui incontournable. Les voyageurs étrangers ne se contentent pas d’admirer le spectacle : ils sont invités à participer à des ateliers dirigés par des artisans locaux. Sous leurs conseils, ils apprennent à choisir le bambou, tendre le papier dó ou la soie, puis assembler leur propre cerf-volant. Cette expérience interactive, à la fois ludique et culturelle, leur permet de mieux comprendre les traditions vietnamiennes. En repartant avec un cerf-volant artisanal, les visiteurs emportent un souvenir authentique et unique de Hué, témoignage tangible de la créativité et de l’hospitalité de ses habitants.
Dans les campagnes de Hué, la fabrication des cerf-volants à Hué s’inscrit avant tout comme un plaisir simple et universel. Les enfants, avec quelques tiges de bambou, du papier journal ou des sacs en plastique recyclés, créent des modèles rudimentaires qui n’en demeurent pas moins porteurs de joie. Après l’école, ils se retrouvent dans les champs ou au bord de la rivière des Parfums, laissant leurs cerfs-volants s’élever au-dessus des rizières dorées. Ces moments, empreints de rires et de camaraderie, nourrissent l’imaginaire des plus jeunes et perpétuent un lien naturel avec une tradition séculaire.
Au-delà du simple jeu, la fabrication des cerf-volants à Hué conserve une dimension spirituelle profonde. Lors des fêtes traditionnelles ou des cérémonies agricoles, certains modèles richement décorés sont conçus comme des offrandes au ciel. On croit qu’en s’élevant, ils emportent avec eux les vœux de prospérité, éloignent les mauvais esprits et attirent la bienveillance des divinités protectrices. Ces rituels, souvent accompagnés de musique et de prières, renforcent l’idée que le cerf-volant n’est pas seulement un objet de loisir, mais un messager entre les hommes et l’invisible.
La fabrication des cerf-volants à Hué est également une source de revenus précieuse pour de nombreuses familles d’artisans. Les ateliers traditionnels produisent des modèles variés, allant du simple cerf-volant de bambou jusqu’aux pièces artistiques ornées de soie et de motifs impériaux. Ces créations séduisent non seulement les habitants mais aussi les visiteurs étrangers, qui repartent souvent avec un cerf-volant en guise de souvenir. Grâce à cette activité, les villages préservent leur savoir-faire, tout en bénéficiant d’un tourisme durable qui valorise l’artisanat local et contribue au développement de l’économie régionale.
Aujourd’hui, la fabrication des cerf-volants à Hué se heurte à une concurrence de plus en plus forte. Les modèles en plastique produits en série, bon marché et faciles à trouver dans les marchés, séduisent par leur prix et leur accessibilité. Pourtant, ils manquent totalement de l’âme et de la finesse artistique propres aux cerfs-volants traditionnels. Cette industrialisation fragilise les artisans locaux, dont le savoir-faire minutieux exige du temps, de la patience et une grande maîtrise technique. En choisissant ces produits standardisés, on risque de voir disparaître peu à peu la richesse culturelle et la poésie qui accompagnent chaque cerf-volant confectionné à la main..
Un autre défi majeur réside dans la transmission du savoir-faire. Les jeunes générations de Hué, attirées par la modernité et la vie citadine, s’éloignent de plus en plus de cet artisanat exigeant. Fabriquer un cerf-volant traditionnel ne s’improvise pas : il faut des années d’apprentissage pour comprendre le choix du bambou, le cintrage, l’équilibre, ou encore l’art de peindre les motifs symboliques. Si la relève se fait rare, l’art millénaire risque de s’éteindre avec les derniers maîtres artisans. C’est pourquoi certains d’entre eux s’efforcent d’initier les enfants et de les sensibiliser à la valeur culturelle et identitaire de cet héritage.
Face à ces menaces, la préservation culturelle est devenue une priorité. Des associations locales, soutenues parfois par les autorités culturelles et le secteur du tourisme, entreprennent de collecter, documenter et transmettre les techniques traditionnelles. Elles organisent des ateliers, rédigent des manuels et créent même des vidéos pédagogiques pour immortaliser les gestes des maîtres artisans. L’objectif n’est pas seulement de sauver un artisanat, mais aussi de maintenir vivant un symbole fort de l’identité vietnamienne. Ainsi, chaque cerf-volant de Hué qui s’élève dans le ciel incarne une victoire sur l’oubli et témoigne de la vitalité d’une culture en perpétuelle réinvention.
À Hué, vous ne serez pas seulement spectateur : vous pouvez devenir acteur de la tradition. Dans des ateliers chaleureux, les artisans vous accueillent et partagent avec patience leurs gestes précis, transmis depuis des générations. Guidé étape par étape, vous apprendrez à choisir le bambou, à tendre la soie colorée et à peindre les motifs traditionnels du dragon ou du phénix. Fabriquer votre propre cerf-volant devient alors une expérience à la fois ludique et enrichissante, une immersion concrète dans l’âme artisanale de la ville impériale.
Lorsque le soleil décline et que le ciel se teinte d’orange et de pourpre, la rivière des Parfums devient le théâtre d’un spectacle unique. Des dizaines de cerfs-volants aux formes variées s’élancent dans les airs, leurs couleurs se reflétant dans l’eau tranquille. L’ambiance est festive : rires d’enfants, mélodie des flûtes en bambou fixées aux cerfs-volants, regards émerveillés des habitants et des visiteurs. Ce moment de partage, à la fois simple et magique, illustre la capacité de Hué à transformer une activité populaire en véritable tableau poétique..
Ramener un cerf-volant artisanal de Hué, c’est bien plus qu’acheter un objet décoratif. Chaque pièce porte en elle la passion de l’artisan et l’héritage culturel de la ville. Qu’il s’agisse d’un petit modèle pliable facile à glisser dans une valise, ou d’une œuvre plus élaborée à exposer fièrement chez soi, ce souvenir est chargé de sens. Il évoque le raffinement de la cour impériale, la créativité du peuple vietnamien et les instants inoubliables vécus sur les rives de la rivière des Parfums. Un cadeau rare qui allie beauté, tradition et authenticité.
Prévoir du temps : consacrez au moins une demi-journée pour visiter les ateliers de Hué, observer les différentes étapes de conception des cerfs-volants et échanger avec les artisans passionnés. Cette immersion vous offrira une meilleure compréhension de toute la finesse de leur savoir-faire ancestral.
Respecter les coutumes : avant de photographier les artisans ou leurs œuvres, prenez toujours le temps de demander la permission. Ce geste de respect reflète l’esprit de la culture vietnamienne et favorise une rencontre authentique, marquée par la confiance et le partage.
Acheter local : privilégiez les modèles réalisés à la main directement dans les ateliers. En soutenant l’authenticité de ces créations, vous jouez un rôle essentiel dans la conservation de la tradition de la fabrication des cerf-volants à Hué, mais aussi à maintenir l’économie des familles locales.
Choisir la bonne saison : de mars à août, lorsque le ciel est dégagé et le vent favorable, les cerfs-volants multicolores s’élèvent avec grâce. C’est la période idéale pour admirer leur danse aérienne et profiter du spectacle magique qu’ils offrent au-dessus de la rivière des Parfums.
La fabrication des cerf-volants à Hué est bien plus qu’un artisanat décoratif : c’est un héritage vivant, mêlant tradition, spiritualité et créativité. Chaque cerf-volant raconte une histoire, relie la terre au ciel et témoigne du raffinement culturel de l’ancienne capitale impériale. Préserver cet art, c’est sauvegarder un pan essentiel de l’identité vietnamienne. Pour le voyageur, assister à la naissance d’un cerf-volant dans un atelier de Hué, puis le voir s’élever au-dessus de la rivière des Parfums, reste une expérience inoubliable, où l’on comprend que la beauté peut parfois se suspendre… au bout d’un simple fil.
Qu’ils aient choisi un circuit court ou une grande aventure au long cours, un itinéraire classique ou hors des sentiers battus, en voiture, à bord d’une jonque, à pied, à vélo ou à moto… nos voyageurs reviennent d’Indochine le cœur rempli d’émotions et de souvenirs inoubliables.
Ils nous confient leurs récits, leurs moments forts, leurs rencontres humaines, leurs découvertes culturelles et naturelles vécues au Vietnam, au Cambodge, au Laos, en Thaïlande ou au Myanmar.
Nous les remercions chaleureusement pour leur confiance accordée à notre équipe, pour l’organisation et la prise en charge de leur séjour. C’est un privilège de les accompagner dans la réalisation de leurs rêves de voyage en Asie du Sud-Est, et c’est aussi ce qui donne tout son sens à notre métier : créer des expériences uniques, sur mesure, et profondément humaines.
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