Lors d’un comité de pilotage, l’Union Nationale des Associations de Tourisme et de plein air (UNAT) ainsi que des associations de tourisme solidaire ont défini la notion de tourisme solidaire ainsi :
Le tourisme solidaire regroupe les formes de tourisme alternatif qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre, et qui s’inscrivent dans une logique de développement des territoires. L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ce type de tourisme.
Il s'agit donc avant tout de créer du lien entre voyageurs et populations locales, de contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie. Le tourisme solidaire, c’est éviter les grands complexes hôteliers, vivre au plus près des populations. Tout en étant un outil d’aide au développement économique local.
Le tourisme solidaire lorsqu’il est pratiqué par les professionnels du tourisme doit également avoir un but social. Une partie des bénéfices dégagés par leur activité doit servir à financer des projets de développement social : construction d’un puits, achat de fournitures scolaires, apport de l’électricité, subventions de cours d’anglais, etc…
Un peu d'histoire
À la fin du 17ème siècle, Blaise Pascal écrivait que "tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre" ("Pensées"). Au même moment, les jeunes aristocrates britanniques s’inquiétaient plutôt d’obtenir "une chambre avec vue" à chacune des étapes du "Grand Tour", comme on disait à l'époque, qui les conduisait déjà jusqu’au Sud de l’Italie. En effet, le tourisme fut d’abord anglais et réservé à une élite aristocratique. Le "Grand Tour" désignait le voyage initiatique d’un an, à travers l’Europe, des jeunes aristocrates britanniques. L’étape italienne et l’art classique étaient obligatoires et, à leur retour, les jeunes passaient l'hiver sur la Côte d’Azur avant de traverser les Alpes, créant, par exemple dans la région niçoise, une véritable colonie britannique et une nouvelle économie (Résidences, services, routes…dont la bien-nommée Promenade des Anglais). Ces jeunes voyageaient pour découvrir l’Europe mais aussi pour faire du lobbying auprès des grands de ce monde qu’ils rencontraient, tel était le double objectif du tourisme pour cette petite élite. Pour l'anecdote, c’est Stendhal qui francisera officiellement le terme « Tourism » en 1838 dans ses "Mémoires d’un touriste", livre de voyage où il décrit son voyage de plusieurs mois en France.
Sautons directement dans les années 50 qui voient naitre le premier tourisme de masse : révolution des transports, développement de l’automobile familiale, première Caravelle et congés payés (1956) ont, entre autres causes, permis le développement très rapide du tourisme pour tous et pas seulement d’une élite aristocratique. La naissance de la classe "touriste" (1952) et du vol "charter" (1954) donnent le signal d’une lente démocratisation du voyage aérien, qui s’affirmera progressivement comme une porte d’entrée essentielle du tourisme international. Plus tard, dans les années 1970, c'est le lancement du Guide du routard et du Lonely Planet, tant et si bien que le terme "routard" finit lui-même par désigner une catégorie générique de touristes. On voit apparaitre les premiers groupes de voyages, comme Nouvelles Frontières, qui renforcent la notion de tourisme individuel chez des voyageurs qui souhaitent partir découvrir des horizons et des populations inconnus, loin, mais alors le plus loin possible du "Camping des flots bleus".
Le tourisme se développe et devient un produit de consommation comme un autre pour les citoyens. En parallèle, les classes élitistes investissent à long terme dans ces nouvelles industries. En effet le tourisme devient la première activité économique mondiale devant le pétrole et l’automobile. Le secteur emploie 200 millions de personnes, soit 8 % de l’emploi mondial.
Après la phase des pionniers, puis celles des précurseurs et des organisateurs, vient le temps de l’industrialisation du tourisme, de la massification de l’accès aux vacances. On invente le tourisme de masse.
Il envahi les côtes, les villes et les sites les plus connus d'une destination. Le plus souvent transitoire, il est fait de contacts furtifs et superficiels. Il suppose des coûts de vacances toujours moindre, favorisés par des moyens de transports et d'hébergement toujours plus accessibles, voire au rabais. Mais le tourisme de masse est aussi une des conséquences de l'accès du plus grand nombre aux vacances, qui – en soit – est une bonne chose. Faut-il donc s'y opposer systématiquement ?
Il est indéniable que le tourisme peut offrir de nouvelles perspectives de développement et de créations d’emplois dans les régions pauvres et structurellement faibles, en émergence. Il peut, sous certaines formes et sous certaines conditions, constituer un pôle essentiel de croissance pour nombre de pays en voie de développement. Ce sont cependant les pays riches qui demeurent les principaux bénéficiaires (compagnies aériennes, tours opérateurs, chaînes hôtelières…) et le tourisme se développe trop souvent au détriment des populations locales quand il est mal maîtrisé (hyper concentration des infrastructures, flambé des prix du foncier, surexploitation, emplois précaires, travail des enfants, prostitution parfois, hausse du prix de l’eau…). Si les bénéfices reviennent surtout aux différents acteurs des pays dits riches, les maux du tourisme sont toujours le lot des pays hôtes.
Pour faire court et sans vouloir polémiquer, force est de constater que les entreprises de tourisme sont aujourd’hui soumises aux règles mondiales du capitalisme : fusion, acquisition, concentration. Un seul exemple pour illustrer ce propos : un ex-leader de la métallurgie allemande, Preussag, a investi dans le tourisme pour développer… TUI, l’un des premiers tour-opérateurs mondiaux.
La terre entière est "touristifiée" – même la Corée du Nord a ses agences de voyage, c'est tout dire – et le tourisme consume ce qu’il désire…
C'est dans ce contexte que le tourisme solidaire a doucement fait son apparition auprès d’un public lentement sensibilisé à la surconsommation, à la mauvaise redistribution des retombées économiques et en quête d’échanges interculturels.
Un profil de touriste qui évolue
Car le profil du touriste a lui aussi considérablement changé ces 15 dernières années. Aujourd’hui plus éduqué, le voyageur 2.0 cherche avant tout la découverte et l’échange. Il ne voyage plus pour le dépaysement lointain et le farniente exotique, il souhaite découvrir de nouvelles terres, de nouvelles cultures. Un nombre croissant de voyageurs prend conscience que le tourisme n’est pas neutre, qu'il génère une économie qui ne profite qu’inégalement aux divers intermédiaires. Quelque part, le choc pétrolier et le dérèglement climatique ont appelé et appellent encore à une plus grande responsabilité envers le pourquoi et le comment des déplacements de masse.
Pour autant encore minoritaires dans le choix de vacances, les voyages solidaires répondent à une demande croissante et sont en voie d'une expansion toujours plus grande.
Le tourisme solidaire, un tourisme pour l’avenir
Par sa conception, le tourisme solidaire mobilise la population locale, valorise les productions artisanales, génère des revenus aptes à contribuer au financement de nouveaux projets et est un élément de dynamique sociale et culturelle.
En favorisant la rencontre des cultures, il met en perspective l’évolution des sociétés, créant des conditions de nouvelles solidarités entre personnes de cultures différentes. Il a aussi le souci de valoriser l’environnement et le patrimoine, comme des ressources à transmettre et non à détruire. Il a l'ambition – un peu utopique – de créer un nouveau dialogue entre les peuples.
Vietnam et tourisme de masse
Pour 2020, l’Organisation Mondiale du Tourisme avait prévu une augmentation de déplacements touristiques qui atteindrait 1,6 milliard de personnes dont plus de 400 millions en Asie. La pandemie de Covid-19 a modifié la donne, comme on le sait.
Le tourisme au Vietnam, c'est 40% de l'économie du pays. C'est 15,5 millions de touristes étrangers qui l'ont visité en 2018. D’accord, ça fait loin des 90 millions de touristes venus en France, mais c’est quand même 20% de plus que l’année d’avant.
Les premiers visiteurs du Vietnam sont les Chinois, avec 5,5 millions de visiteurs, suivis par les Coréens, avec 3,5 millions. Et ce sont eux qui font exploser les statistiques : + 44% d’augmentation pour les Coréens en une seule année, +24% pour les Chinois.
Le problème, c’est que tout ça alimente le tourisme de masse (Pas moins de 27 vols par jour arrivent à Da Nang depuis la Corée !). Les Chinois ne voyagent qu’en groupe, adorent la baie d’Halong, le bord de mer et manger. Ils ont la réputation de n’enrichir que leurs compatriotes alors que les Coréens ont celle d'être plus ouverts et curieux, mais ils n’aiment pas l’aventure.
Les Français, eux, ont été 280 000 à visiter le Vietnam, et presque autant à visiter Hue (Les Chinois ne visitent pas la citadelle de Hue, ils ont celle de Péking…).
Clairement, ça bouchonne partout sur les sites connus. Sa Pa à ce titre est devenue une vraie caricature.
Couvrant une superficie de plus de 24 kilomètres carrés, la ville est célèbre pour sa beauté rustique et ses paysages romantiques. Que n'a-t-on vanté les charmes de cette ancienne station balnéaire française du temps de l'Indochine ! Combien a-t-on loué son authenticité rehaussée par toutes les minorités ethniques y habitant ! Sauf qu'une fois sur place – on y est vite avec l'autoroute construite récemment - on se rend compte que le tourisme de masse en a changé le visage, le déformant avec des hôtels construits à chaque coin de rues. L'autoroute aurait dû nous mettre la puce à l'oreille : d’énormes grues griffent le paysage et des bruits de construction assourdissants ne sont plus rares dans cette ville autrefois assoupie. Plusieurs collines à proximité ont même été nivelées pour faciliter la construction de grands projets de villégiature ou autres resorts. Et c'est loin d'être fini : selon le plan directeur pour le développement du tourisme national à visée 2030, Sa Pa deviendra une station nationale et internationale de grande classe, attirant environ 5,2 millions de visiteurs.
Aussi, la proximité géographique avec la Chine implique une occupation de commerçants chinois à Sa Pa qui vendent sacs à dos de voyage, chaussures et autres "accessoires"… ce qui désavantage fortement le commerce local. On voit apparaître une exploitation de la production locale aux bénéfices d’expatriés, certains petits commerçants de Sa Pa étant réduits à une certaine mendicité pour essayer de vendre leur création. La concurrence est trop importante pour leur permettre de développer leur économie. Avec les investissements de promoteurs et de certains publics qui bien souvent appartiennent à une élite socio-économique, il devient difficile pour les habitants de continuer à habiter librement leur pays : la privatisation de terrains qui était synonyme d’autonomie financière pour les citoyens, les met dans la dépendance industrielle et alimentaire de multinationales.
82% des résidents du district de Sapa sont des minorités ethniques. Bien que cette riche diversité fasse partie de l’attrait de la destination, une grande partie du revenu touristique de Sapa ne revient jamais aux communautés locales. En simple exemple : la plupart des grands groupes de tours opérant à Sapa ont tendance à employer des guides Kinh, (On appelle ainsi les membres de la majorité ethnique au Vietnam), qui ont souvent peu de liens avec ces communautés minoritaires très soudées.
Les exploitants détruisent l’environnement de vie des ethnies vietnamiennes de Sapa. Ils créent une folklorisation forcée pour répondre au mieux aux exigences du touriste. C'est la dysneylandisation des ethnies.
Ne disposant que de peu de revenus, les femmes et les enfants – en costume traditionnel – qui vendent des souvenirs sont souvent mal vus par les touristes, qui se sentent harcelés. C'est les mêmes touristes qui viennent pour ces ethnies, qui justifient leur présence en pensant participer à leur développement et qui, quand l’occasion se présente de leur apporter effectivement de l’argent, se sentent agressés. Cette situation paradoxale s’explique par le fait que les ethnies sont mises en tourisme sur un territoire qu’elles ne contrôlent pas ou plus.
On le voit, la situation complexe du tourisme à Sa Pa est une sorte de caricature du tourisme de masse au Vietnam.
Mi-novembre 2014, une grande conférence sur le tourisme responsable au Vietnam s'est déroulée sous l'égide de l'Administration Nationale du Tourisme et a réuni tout un tas de spécialistes, gestionnaires et autres instances touristiques. Il en est ressorti que : "Les principes majeurs du tourisme responsable sont le développement et l’épanouissement des populations locales, par l’implication dans l’économie locale, une rémunération juste et stable des partenaires, des conditions de travail décentes, la préservation à long terme des ressources naturelles, culturelles et sociales, une rencontre authentique entre les voyageurs et les populations locales". (Source : Le Courrier du Vietnam - 13/11/2014).
Vietnam et tourisme solidaire
"Le développement du tourisme durable en combinaison avec la préservation et la promotion des valeurs culturelles nationales, la protection des paysages et de l'environnement fait partie des objectifs fixés dans le plan global de développement du tourisme du Vietnam d'ici 2020, avec vision 2030. Conformément à la Stratégie de développement touristique du Vietnam à l'horizon 2020 et vision 2030, l'essor du tourisme devra être lié à la préservation et à la valorisation de la culture traditionnelle de la nation, ainsi qu'à la réduction de la pauvreté. Il s'agit par-là de respecter les valeurs culturelles des communautés d'accueil dans les rapports sociaux."
Après plus de 10 ans de mise en œuvre de la Loi du Tourisme en 2005, la Loi du Tourisme de 2017 a été officiellement approuvée avec de nombreux nouveaux points qui visent à promouvoir le développement et à considérer le tourisme comme un fer de lance économique. En particulier, à travers la loi, l’État facilite la participation des habitants locaux au tourisme.
Voilà pour les déclarations d'intention officielles. Qu'en est-il sur le terrain ?
Le tourisme durable au Vietnam est aujourd’hui un terme devenu incontournable, rattaché aux principes même du développement durable : protection de l’environnement, progrès social et performance économique. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir et bien des aspects sont perfectibles, mais la tendance est bien installée.
De fait, il se développe de plus en plus ce qu'on appelle ici le tourisme communautaire, un tourisme qui est directement géré par des populations locales. En général, le développement du tourisme communautaire prend son essor dans des régions rurales et pauvres. Il permet de faire bénéficier un maximum de retombées financières aux populations locales qui par ailleurs, gardent le contrôle des activités touristiques proposées sur leur territoire, tout en préservant leurs valeurs culturelles. Pour les touristes, cette façon de faire du tourisme est une expérience originale, en immersion.
Agir pour un tourisme responsable, une ambition (aussi) Vietnamienne
Les agences de voyages locales sont actuellement les acteurs clefs du tourisme solidaire, responsable. Elles participent au tissu économique des communautés en proposant des circuits privilégiant le contact direct entre voyageurs en quête de rencontres authentiques et populations locales. En recrutant des guides parmi les locaux, en favorisant les hébergements chez l'habitant, en promouvant l'artisanat ethnique, elles sont vectrices d'amélioration de leurs ressources.
Les voyageurs sont de plus en plus sensibles au tourisme équitable, juste, éthique. De nombreuses agences locales ont bien compris qu'adopter les principes du développement durable à tous les niveaux de l’activité touristique est primordial, que cette "industrie sans-fumée" ne peut pas être durable sans une évolution des métiers, des acteurs et des institutions. Cela suppose une démarche différente pour un tourisme différent.
Les prises de conscience des impacts du tourisme responsable au niveau international ont favorisé l’émergence d’acteurs engagés. Il était temps. Il y avait urgence.
Les Vietnamiens engagés dans la durabilité
Au Vietnam, les contrastes entre la ville et la campagne sont énormes. Le pays, en pleine explosion touristique, doit redoubler d’efforts pour relever le défi en travaillant avec les acteurs touristiques locaux.
En favorisant le tourisme communautaire, les agences locales sont des maillons essentiels de cette économie durable. Beaucoup de voyageurs ont déjà été séduits par un tel tourisme, contribuant à l’amélioration des conditions de vie des locaux de manière considérable. Les villageois sont aidés financièrement et encouragés à préserver leurs pratiques traditionnelles (artisanat, spectacles, gastronomie, etc.) mais aussi à moderniser ou reconstruire leurs équipements.
De nombreuses expériences de tourisme communautaires sont de francs succès, comme à Hoa Binh, Quang Ninh, Ha Giang, Lao Cai ou encore Vinh Phuc …
En participant au tourisme communautaire, les voyageurs ont la possibilité de s'immerger dans la vie quotidienne des ethnies, d’admirer les paysages sublimes, de comprendre l’identité culturelle et l’histoire locale tout en savourant une cuisine hors norme ! Cette démarche volontaire, en conscience est un facteur important dans la vie de la communauté d'accueil.
Ceque notre agence à faire :
=> Les actions humanitaires au Vietnam
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