Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008, l’espace culturel des gongs du Tay Nguyen unifie l’espace, les peuples et le temps de cette région du Centre du Vietnam.
En vietnamien, on dit : « Không gian văn hóa Cồng Chiêng Tây Nguyên », où Khong gian signifie espace – van hoa, la culture - Cong Chieng, le gong et Tay Nguyen, les Hauts Plateaux. Pour ceux qui s’intéressent à la langue vietnamienne, précisons que le mot « cong » signifie instrument à poignées et le mot « chieng » instrument plat.
La région du Tay Nguyen regroupe 5 Provinces : Dak Lak, Dak Nong, Gia Lai, Kon Tum et Lam Dong, et concerne les 17 ethnies qui les peuplent, dont les Ba Na, Co ho, Ê dê, M’nông, Xê Dang… pour n’en citer que quelques-uns. En 2008, l’UNESCO inscrivait l’espace de la culture des gongs sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ces territoires et ces groupes ethniques sont réunis par la culture des gongs en ce qu’ils partagent la croyance en un monde mystique dans lequel les gongs jouent le rôle d’interprètes entre les dieux et les hommes.
Un circuit dans les Hauts-Plateaux du Centre du Vietnam est non seulement l’occasion de parcourir des terres splendides et de rencontrer des peuples aussi attachants les uns que les autres, mais aussi de plonger dans cet univers à la limite de la magie, à l’unisson des gongs.
Berceau de peuples anciens aux traditions encore vivaces, le Tay Nguyen vient s’adosser à la chaîne montagneuse qui forme une frontière naturelle avec le Laos et une partie du Cambodge, partant de la province de Lam Dong (Dalat est sa capitale) au Sud jusqu’à celle de Kon Tum, au Nord. Si l’on parle de Hauts Plateaux au pluriel, c’est que l’on distingue les hauts plateaux du Centre-Nord (correspondant aux provinces de Kon Tum et Gia Lai), les hauts plateaux du Centre (avec les provinces de Dak Lak, de Gia Lai et de Dak Nong) et les hauts plateaux du Centre-Sud (et son unique province de Lam Dong). La région est caractérisée par des cascades spectaculaires, des montagnes noyées de brume et des volcans éteints servant d’abris à une biodiversité exceptionnelle. Ses sols rouges fertiles voient pousser en abondance le café, le thé, le poivre et la noix de cajou mais aussi l’hévéa. Apporté par les Français pendant la colonisation, le café est devenu au fil du temps non seulement la star de la région (ne dit-on pas de Buon Ma Thuot qu’elle est la capitale du café ?), mais également un des fers de lance de l’économie du Vietnam (3 % du PIB national). Les terres cultivées voisinent les poches de forêt primitive, jadis terrain de chasse de la cour royale de Hué. Le climat des Hauts Plateaux du Centre vit au rythme de deux saisons : la saison des pluies, de mai à fin octobre et la saison sèche - de novembre à avril - durant laquelle mars et avril sont deux mois chauds et secs. Suivant l’altitude à laquelle se trouve le plateau, le climat sera sensiblement plus ou moins frais.
Les hauts plateaux du centre ont longtemps été une terre autonome, habitée par des minorités ethniques que les Vietnamiens surnomment volontiers Tuong – les montagnards. Soumise au royaume du Champa, au Dai Viet puis à la dynastie des Nguyen, la région prend le nom de Tay Nguyen – littéralement « Les Plateaux de l’Ouest » – pendant la domination française. La puissance coloniale avait découpe le Vietnam en deux protectorats (le Tonkin et l’Annam) et une colonie (la Cochinchine). A l’époque, les hauts plateaux restaient encore de vastes espaces blancs sur les cartes. Refuges pour les rebelles réfractaires aux autorités locales ou coloniales, ils constituaient une zone « hors contrôle » au milieu de l’Indochine française, ce qui était inacceptable pour le colonisateur. Au milieu de tous ces soubresauts, alors que le Nord et la côte centrale du Vietnam avaient connu leurs premières vagues d’évangélisation au 17ème siècle, ce n’est qu’en 1850 que les premiers missionnaires osent pénétrer dans ces montagnes qu'aucun Européen n'avait encore exploré. Les premiers missionnaires s'installent auprès des Bahnar de Kontum, la superbe église en bois de Kontum est l’un des témoins de ce passé. Une autre mission s’installera près des Stieng de Brelum, dans les marais qui formaient la marche orientale du royaume khmer. Terre des missionnaires catholiques, les Hauts Plateaux du Centre seront également un vaste terrain d’exploration pour de nombreux aventuriers français durant le 19ème et le 20ème siècle. Le plus flamboyant est certainement David de Mayrena (de son nom vrai nom, mais imprononçable : Auguste-Jean-Baptiste-Marie-Charles David). Ex-officier chez les Spahis, il fut envoyé par les autorités coloniales dans les terres des Hauts Plateaux du Centre afin d’essayer de créer une ligue de minorités ethniques regroupant Bahnar, Jaraï et Sedang en vue de contrer les invasions siamoises. Il s’y taillera un royaume et se fera élire roi des Sédang sous le nom de Marie Ier. Son royaume éphémère avait pour devise : « Jamais cédant, toujours s'aidant » (on admirera – ou pas - le jeu de mots avec Sédang).
Le Tay Nguyen verra aussi la visite du docteur Alexandre Yersin, découvreur du bacille de la peste et installé à Nha Trang, qui explora les Hauts Plateaux et fondera avec l’aide du gouverneur Paul Doumer la station climatique de Da Lat.
Sous le protectorat, des frontières avaient été tracées et plusieurs fois modifiées. Ce qui fait que, par exemple, de Laotiens, les Lao et les Brou-Kavet de Siempang sont devenus sujets cambodgiens. De même, les Stieng de la région de Léc-Ninh, d’abord indépendants, se sont retrouvés Cambodgiens puis Cochinchinois. Quant aux Mnong de l’Est de la Chbar, ils sont même devenus successivement cambodgiens, laotiens, annamites puis de nouveau cambodgiens… Ces découpages ont scindé bien des groupes ethniques. Ils ont été décidés sans souci de cohésion, sans tenir compte d’éventuels liens historiques, des alliances traditionnelles, ni même de la topographie qui, malgré les explorations, restaient très largement méconnues de l’administration coloniale. Ainsi, après la dissolution de l’Indochine française, et sans avoir jamais été consultées, les populations autochtones des Hauts Plateaux se sont retrouvées intégrées à un Etat, vietnamien ou cambodgien, alors même qu’elles avaient derrière elles une longue tradition d’indépendance, mais ayant gardé comme unité la culture des gongs.
Les habitants des Hauts Plateaux croient qu’un certain nombre d’esprits locaux ont le pouvoir d’agir sur la vie des hommes. Dans la plupart des villages, ces esprits sont désignés par le terme générique de « yang » (Il est intéressant de noter qu’avec la période coloniale, de nouveaux yang sont apparus : le yang xe dien (automobile), le yang nha nuoc - État…). Des sacrifices, réguliers ou exceptionnels, individuels ou collectifs, généralement aux fins de réparation, mais parfois aussi de propitiation, leur sont offerts. Ils varient selon les villages, même si partout l’on retrouve des sacrifices aux esprits des monts, des rivières, du paddy, des ancêtres…Les yang sont multiples et peuvent se manifester sous de nombreuses formes, en des occasions et en des lieux divers. Sur les Hauts Plateaux, les pratiques religieuses sont donc marquées par une activité sacrificielle intense : poulet, porcs, chèvres, buffles peuvent être offerts aux esprits lors de sacrifices annuels ou pour des occasions spécifiques. Sacrifier, c’est offrir du sang aux divinités, c’est préserver l’harmonie entre les humains, la nature et le cosmos. A l’inverse, les menstrues ou le sang répandu lors des accouchements sont considérés comme particulièrement impurs. Les femmes doivent donner naissance à l’extérieur de leur maison pour éviter de polluer la demeure et d’en incommoder les esprits protecteurs.
Dans la culture des gongs, les « Cong-Chieng » sont le moyen de communication avec ces forces supranaturelles. Derrière chaque gong se cache en effet un dieu ou une déesse d’autant plus puissant que le gong est ancien. Toute famille possède au moins un gong qui témoigne de sa fortune, de son autorité et de son prestige, tout en lui assurant protection. Le son des gongs est présent à toutes les fêtes, il accompagne les Hommes leur vie durant, de leur naissance à leur maturité et jusqu’à leur souffle ultime. Le son des gongs, c’est le souffle de la vie. Si différents instruments sont utilisés lors de certaines cérémonies, seul le gong est présent dans tous les rituels de la vie de la communauté, dont il reste le principal instrument cérémoniel. La façon de jouer du gong varie d’un village à l’autre, d’une ethnie à l’autre et surtout selon le thème de la cérémonie : sacrifice rituel des bœufs, bénédiction du riz ou rituel de deuil ou d’abandon de la tombe... Chaque instrumentiste porte un gong différent, d’un diamètre variant entre 25 et 80 cm. Les ensembles d’hommes ou de femmes comptent entre trois et douze gongs selon les villages. A ce propos, dans la plupart des groupes ethniques, seuls les hommes peuvent jouer du gong. Cependant, chez les Ma et les M’Nong, homme et femmes peuvent en jouer alors que chez les E Dê Bih, les gongs sont exclusivement dans des mains féminines.
L’UNESCO déplorait : « Les mutations économiques et sociales ont bouleversé le mode de vie traditionnel de ces communautés et ne fournissent plus le contexte originel de la culture des gongs. La transmission de ce mode de vie, des connaissances et savoir-faire a été particulièrement perturbée pendant les décennies de guerre du siècle dernier. Aujourd’hui, le phénomène est aggravé par la disparition des vieux artisans et l’intérêt croissant des jeunes pour la culture occidentale. Privés de leur signification sacrée, les gongs sont parfois vendus comme matériau recyclable ou échangés contre d’autres produits ». Dans le même temps, depuis son inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, l’espace de la culture des gongs connait un net regain d’intérêt et les efforts visant à sa préservation et sa mise en valeur ont obtenu des résultats encourageants, notamment à Lam Dong. Cette Province se concentre en effet sur l’équipement de gongs, la restauration et l’enseignement de leurs airs traditionnels dans toutes les maisons de la culture, tout en lançant chaque année des fêtes traditionnelles pour maintenir et faire connaitre l’espace de représentation des gongs. D’ailleurs, si vous souhaitez mieux connaitre et participer a un de ces festivals, n’hésitez pas à demander des conseils personnalisés auprès d’une agence de voyage spécialiste du sur-mesure au Vietnam.
Le mouvement est en route : les provinces du Tây Nguyên ont redonné vie à une vingtaine de fêtes, comme celle de la célébration du Nouvel An de l’ethnie Xê Dang, le mariage des Ba Na, la fête Cha Kcha de l’ethnie Gie Triêng, etc. Les provinces ont ouvert des classes de formation à la culture des gongs pour les jeunes des villages, classes animées par des artisans expérimentés Ê Dê, M’Nông et Jrai… Pour que demeurent les liens mystérieux et magiques entre les Hommes et les Dieux.
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