Le Tet à travers la peinture de Dong Ho

Et si, lors de votre excursion autour de Hanoi, vous alliez faire un tour au village de Dong Ho ?

Selon les coutumes vietnamiennes, les composants indispensables du Têt traditionnel sont : les banh chung (gâteaux carrés de riz gluant), les branches de pêchers, les sentences parallèles rouges et les peintures traditionnelles. Il s’agit du loisir distingué qui apporte à chaque famille une ambiance joyeuse et chaleureuse quand le printemps arrive.
Aujourd’hui, ce loisir se perd un petit peu mais des peintures apparaissent encore dans de nombreuses familles. Parmi les peintures de Têt au Nord Vietnam, celles venant de Kim Hoang, de Hang Trong et surtout de Dong Ho – un village à une quarantaine de km de Hanoi -  sont les plus appréciées.
Les passionnés de la peinture de Dong Ho se rendent souvent au village de Dong Ho (Thuan Thanh, Bac Ninh) pour trouver l'œuvre idéale. Les peintures de Dong Ho sont vendues toute l’année depuis maintenant plus de 400 ans, mais le moment le plus animé se situe aux derniers jours de l’année. On ne cherche pas forcément des illustrations du Têt. Des scènes dépeignant les choses simples et populaires de la vie quotidienne sont aussi très appréciées comme vœux d'une vie pleine de bonheur.

Grâce à l’habileté des artistes, poulets, maîtres, mariages, jeux traditionnels s'invitent malicieusement dans les peintures – qui d'ailleurs s'apparentent plutôt à des estampes. Les traits sophistiqués et les couleurs harmonieuses cachent toujours des sens plus profonds qu'en apparence.
Les peintures « Troupe de poulets » et « Troupe de cochons » expriment le souhait d’une année aisée. La peinture « Plus de richesse, plus de bonheur » est collée sur la porte pour appeler le dieu de richesse. Les deux peintures « Gloire – Richesse » (un fils embrassant un coq et une fille embrassant un canard) illustrent l’espoir d’une année de paix et de richesse. Les jeux traditionnels du Têt sont également une source d'inspiration inépuisable pour les artistes qui savent  avec des traits simples, reproduire l’ambiance animée et tumultueuse des fêtes du nouvel an.

Si les peintures allant deux par deux sont les plus courantes, les ensembles rythmés par quatre peintures sont aussi très appréciés. Par exemple « Dragon – Licorne – Tortue – Phénix » ou « Pin – Marguerite – Bambou – Abricotier » aux traits romantiques et luxueux trouveront une place de choix dans les grandes maisons. Le point original des peintures de Dong Ho est le mariage de cinq couleurs principales : noir, jaune, vert, blanc et rouge. C’est l’harmonie de ces couleurs qui apportera la chance et le bonheur à son propriétaire.
Si autrefois les peintures de Dong Ho étaient souvent collées sur les murs, aujourd’hui on n'hésite pas à les mettre sous cadre et à les accrocher. Pour répondre à la demande des acheteurs, les peintures de Dong Ho sont aussi gravées sur le cuivre, le bois ou la pierre...

 Malgré de petits changements en matière de couleurs et une désaffection des artisans au profit des papiers votifs, les peintures de Dong Ho possèdent toujours une vitalité tenace, particulièrement quand le Têt traditionnel vietnamien approche.

Elles ont été reconnues patrimoine immatériel national et demeurent le trésor du village de Dong Ho. Si vous êtes de passage dans la Capitale, sachez qu'une visite au village prend souvent de trois à quatre heures. Certainement plus si vous tombez amoureux de cet aspect particulier de la culture vietnamienne ! Tentez de rencontrer une figure de cet art populaire qui se perd malgré tout peu à peu : Nguyên Huu Sam s'est battu bec et ongle pour que ses enfants prennent la relève et ses efforts ont payé. Son fils Nguyên Huu Qua commence à s'y pencher avec le plus grand intérêt, pour le plus grand bonheur de son père.

Merci à Thuy Linh