Le Palais de la Réunification à Ho Chi Minh est un lieu hautement symbolique et un site à visiter lors de votre excursion à Saigon. Témoin fascinant d'un morceau de l'histoire du Vietnam et de son peuple, il est essentiel de le visiter, ne serait-ce que pour son architecture unique. Suivez le guide !
Pour affirmer ostensiblement la souveraineté de la France coloniale, le gouverneur de la Cochinchine Lagradiere fait construire un palais sur un terrain de 12 hectares, dont les travaux se termineront 3 ans plus tard, en 1871. On lui donnera le nom de Palais de Norodom, du nom de l'avenue d'en face, qui se trouve être le nom d'un roi du Camgbodge. Le bâtiment sera la résidence des gouverneurs français successifs. Il sera cependant occupé par les japonais entre mars et décembre 1945, pour être repris par les français, qui le quitteront définitivement en 1954.
Le palais Norodom devient la résidence officielle et le lieu de travail du Président de la République du Vietnam (Vietnam du Sud) – Ngo Dinh Diem, qui décide de changer le nom de l’édifice en "Palais de l’Indépendance" (Dinh Thông Nhât). A cette époque, les autorités et l'armée du Sud-Vietnam le surnommait « Phu Dâu rông » (littéralement « Palais de la Tête de dragon »). Le 27 février 1962, deux pilotes rebelles bombardent le palais en tentant d’assassiner le président Diem. L’aile gauche est lourdement endommagée, ce qui pousse Diem à faire reconstruire le palais, selon les plans de l'architecte inspiré Ngô Viêt Thu, le premier vietnamien à gagner le prix de Rome.
Débutée en 1962, la construction du palais est achevée en 1966. Pendant cette période, Diem se fait assassiner par les rebelles. Le président Nguyên Van Thiêu a donc ensuite régné sur le sud du Vietnam et a pris en charge la cérémonie d’inauguration du Palais de l'Indépendance. Ce jour-là, le palais devient le siège de la République du Vietnam.
A exactement 10h45, le 30 avril 1975, le 843ème char de l’armée vietnamienne du peuple mène l’escouade en mode bulldozer à travers les grilles principales, se dirigeant droit sur le palais. À 11 h 30 le même jour, Bui Quang Thuan – commandant de char d’assaut hisse le drapeau du régime du Vietnam du Sud et le drapeau du Front de libération nationale du Vietnam sur le toit du palais. Cet événement historique marque la réunification du pays.
Le bâtiment devient Palais de la Réunification de Ho Chi Minh (Dinh Độc Lập) et Saigon devient Hô Chi Minh-Ville (Ho Chi Minh City, HCMC).
Si « l’histoire n’est pas intelligible sans la géographie », alors le palais peut être vu comme un lieu qui donne un sens à l’histoire, qui s’inscrit dans un lieu à la fois tangible et intangible, comme en témoigne son architecture.
A la fois résidence, bureaux et bunker, l'ensemble du bâtiment marie harmonieusement les principes de la géomancie et de l’art contemporain, selon les souhaits de son concepteur. On retrouve l'inspiration typique des années 60, avec cependant des particularités subtiles qui font de Dinh Độc Lập un palais unique dans l'Asie du Sud-Est.
En soi, c'est un édifice de 26 m de haut totalisant près de 20 000 m2, composé de 95 salles sur trois étages articulés autour d'un immense escalier central. Il comporte une terrasse, deux mezzanines, un rez-de-chaussée, une immense cuisine et un sous-sol parfaitement aménagé en bunker et un héliport.
Salle de conférence, salle de réception, bureaux de commandement et de télécommunications, librairie, salles et chambres privées, bibliothèque, cinéma, salle de jeux… Le visiteur déambule au fil des espaces dans des couloirs lumineux et aérés, grâce à un rideau de colonnettes de pierre, qui rappellent les nœuds des tiges de bambou. Cette caractéristique architecturale est inspirée d'une sorte de porte avec des barres en bois que l’on trouvait dans les palais de l'ancienne capitale Huê.
Des panneaux trilingues (Vietnamien, anglais et français) donnent des explications sur chaque point de visite. On croise aussi bien des vietnamiens que des touristes étrangers, tant les lieux sont comme un morceau d'histoire commune pour de nombreuses personnes. On ressent bien que le Palais de la Réunification fait partie de ces endroits du monde qui sont des lieux à la fois physiques, géographiques mais aussi lieux intangibles, cadre d'enracinement culturel, réceptacles d'inconscient collectif.
Peut-être est-ce dû à sa conception, dans le plus pur esprit Feng shui ?
Toute la structure tient dans un idéogramme : 吉 CAT (ji) - Tốt lành - Bonne Fortune
L'architecte Ngô Viêt Thu souhaitait mélanger traditions orientales millénaires et inspiration contemporaine. Si le style années 60 saute aux yeux, les subtiles signes orientaux méritent une lecture plus... approfondie :
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