S'il est une particularité vietnamienne en général et de Hanoi en particulier, ce sont bien les maisons tubes. Ainsi nommées du fait de leur étroitesse et s'étirant en profondeur, elles s'imbriquent les unes dans les autres et dessinent ainsi la géométrie si singulière du vieux quartier en particulier. Il en est même une qui se détache du lot, au point d'avoir été reconnue comme le modèle de la maison traditionnelle urbaine par le ministère de la culture en 2004 : Ancienne maison à 87 rue Ma May ou Nhà cổ 87 phố Mã Mây. C'est un peu la mère de toutes les maisons tubes…
Nhà ống, maisons tubes, oui… Dont certaines sont si étroites que deux personnes peuvent à peine s'y tenir de front. Il y a bien entendu une explication à cette bizarrerie architecturale ! C'est un simple besoin de se soustraire aux impôts qui a lancé cette coutume. Il faut savoir que sous la dynastie Nguyen (On est donc au 19ème siècle), les propriétés étaient imposées selon la taille - en mètre linéaire - de la façade donnant sur la rue et non pas au mètre carré de surface au sol. (Et pour la petite histoire, la hauteur de l'édifice ne devait pas être supérieure à celle du souverain surmonté de son palanquin. Les choses ont bien changé…). D'ailleurs, cet impôt fait penser à celui sur les portes et fenêtres, en France, mis en place de 1798 à 1926. Donc, à cette époque, plus votre maison est large, plus vous payez d'impôts. On comprend maintenant la prolifération de cette architecture particulière… Encore de nos jours, la plupart de ces bâtiments sont la propriété d’une seule famille qui exploite une petite entreprise ou un magasin dans la section avant et qui offre des quartiers d’habitation à l’arrière et à l'étage. Au plus la famille est prospère, on plus on crée des niveaux. Et comme un arbre généalogique – mais aussi pour des raisons économiques - la maison accueille ainsi les grands parents au premier étage, puis les parents puis les enfants jeunes mariés.
Presque toujours, la maison tube se termine par une terrasse qui sert de buanderie et qui abrite de nombreuses plantes vertes et collections de bonzaï. On voit ici les fondements intemporels de la société vietnamienne : activité commerciale et vie de famille. Hanoi a développé un rapport entre espace privé et espace public différent des autres villes. Ici, les activités commerciales débordent sur la rue et une mixité sociale et fonctionnelle se vit au quotidien. Qu'on ne s'y trompe pas, Les maisons-tubes ont de nombreux rôles, dont celui d’assurer la cohésion des familles et la stabilité de leurs activités commerciales.
S'il n'y a pas de commerce au rez-de-chaussée, alors on aura une cuisine puis un salon et un lieu où stocker les scooters.
Dernier point à noter : le passage à travers la maison est un mouvement entre l’intérieur et l’extérieur, l’espace du dehors et l’espace du dedans. Les courants d’air assez forts, ainsi que la poussière, créant des turbulences nuisent à la santé des occupants, la plupart des vieilles maisons dans le vieux quartier ont toujours beaucoup de puits de lumière pour équilibrer le yin et le yang.
Pour autant, il faut dire aussi que la maison tube reprend les codes de la maison traditionnelle vietnamienne qui elle, est… horizontale.
Elle respecte les 3 piliers – homme/terre/eau – pour recréer un équilibre écologique "autonome". De plus, dans son agencement, la maison des Kinh est révélatrice de la hiérarchie homme/femme : les travées principales étant réservées aux hommes, les femmes se trouvent dans les bâtiments secondaires, réservés à la cuisine. Notons aussi que le nombre de pièces est toujours impair, pour porter chance et bonheur et qu'il s'agit en fait d'espaces modulés et modulables, délimités par des paravents ou une armoire. Un plan d'eau se trouve très souvent au milieu de la cour, proche d'un jardin potager.
La travée principale est très importante, elle accueille l'autel des ancêtres et le séjour.
Ces principes se retrouvent dans la vieille "maison témoin" Ma May, puis dans les maisons tubes.
1-Salon 2-Autel des ancêtres 3&4-Espace hommes 5-Espace femme 6-Espaces jeune filles 7-Cuisine 8-Cour 9- Plan d'eau 10-Potager 11-Entrée
Longue de 28m, elle respecte l'agencement selon 3 blocs "Premier ensemble de pièces - Première cour - Deuxième ensemble de pièces - Deuxième cour - Cuisine - Troisième ensemble de pièces." Dès qu'on pénètre dans la maison, on perçoit bien l'alternance de cours et de bâtiments, les jeux de lumière et de ventilation naturelles.
C'est donc tout naturellement que les deux premiers bâtiments accueillent la boutique au rez-de chaussée et le salon avec sa cour intérieure. Toutes les activités de vie de la famille ont généralement lieu au 2ème étage. La pièce la plus importante ici, celle donnant sur la rue, est celle dédiée au culte des ancêtres.
Le deuxième bloc se compose ensuite de la cour pour boire le thé et/ou écouter de la musique. Ça c'est au rez de chaussée. A l'étage, cette deuxième zone accueillera la chambre avec une cour à l’arrière et un autre salon à l’avant.
Enfin dans l’arrière-cour, (troisième bloc) on retrouve la cuisine, lieu des esprits du foyer, qui divise la cour en deux, ainsi que les sanitaires et la pièce de stockage...
La façade de cette belle demeure aux colonnes en bois finement ouvragés, mesure 5m pour 6m au dos : ce rapport numérique est sensé porter chance au commerce…
Il se dit que la rue Ma Mây est le résultat de la fusion de la rue Hàng Mây (rue de la vannerie, du rotin) avec une partie de la rue Hàng Ma (rue des objets votifs) qui se trouve à proximité de la rue Hàng Bac (rue de l’argent), il y a quelque chose comme 130 ans.
Construite donc à la fin du 19ème siècle, dans l'ancienne et très fréquentée rue des drapeaux noirs (Sous la colonisation française), elle a été habitée par plusieurs générations de commerçants.
Plus récemment, en 1945, une famille rachète le lieu pour faire du commerce de médicaments chinois. En 1954, le gouvernement la réquisitionne pour y loger 5 familles, jusqu'en 1999. Ces personnes ont pratiqué des activités aussi diverses que : épicier, tailleur, fonctionnaire d'état, professeur d'art martiaux…
Restaurée au tout début des années 200 dans le cadre du projet Asia Urbs avec l’aide des mairies de Toulouse et de Bruxelles, les modifications qui avaient été apportées par les habitants successifs ont été supprimées afin de rendre à la maison son aspect original. Elle a été classée par le comité populaire de Hanoi en 2004.
Elle permet aujourd'hui de sensibiliser la population et les visiteurs étrangers au patrimoine architectural de Hanoi, en exposant meubles, articles du quotidien et objets artisanaux. Il y a souvent des évènements culturels et notamment, tous les soirs à 19h, sont donnés des chants “ca tru”.
Ouvert tous les jours de 8h30 à 12h et de 14h à 17h30. Entrée : 10 000 VND Cette ancienne maison dans la rue de Ma May est un site à conseiller fortement lors de votre excursion à Hanoi. La visite peut se faire à pied ou en cyclo-pousse car elle ne se trouve qu'à 2 minutes de marche du lac Hoan Kiem.
Circuit court ou long, découverte des incontournables ou par des routes buissonnières, en voiture, en jonque, en rando, à vélo ou en moto… revenus de leur voyage en Indochine nos clients nous racontent leurs expériences. Merci à eux de nous faire confiance pour la prise en charge de leur séjour au Vietnam, au Cambodge, au Laos ou bien encore en Thaïlande et Myanmar !
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