L’agence Reuters publie l’information : des distributeurs automatiques de riz au Vietnam sont mis en place à destination des plus démunis dans un arrondissement de Ho Chi Minh, de Hanoi et de Hue.
Une initiative d’un entrepreneur de la capitale économique du Vietnam, pour répondre au désarroi des personnes les plus impactées par le confinement mis en place pour contrer l’épidémie de COVID-19.
Le Vietnam a signalé plus de 200 cas de covid et aucun décès jusqu'à présent, mais à la suite d'un programme de distanciation sociale de 15 jours débuté le 31 mars – qui implique la fermeture de nombreuses petites entreprises - des milliers de personnes se trouvent temporairement mises à pied. (NB : à ce jour, le programme de distanciation sociale est prolongé jusqu’à la fin du mois d’avril 2020.)
De très nombreux ménages vietnamiens vivent de l’économie informelle, se trouvant ainsi en marge des filets de sécurité ou des aides particulières mises en place par le gouvernement. Vous les avez certainement croisés, si vous êtes venu faire un voyage au Vietnam : vendeurs de billets de loterie, homme ou femme ramassant vieilles canettes ou vieux papiers pour le recyclage… et tant d’autres.
C’est dans ce contexte que Hoang Tuan Anh, entrepreneur à Ho Chi Minh-Ville, décide de prêter main forte aux personnes dans le besoin.
Hoang Tuan Anh est le directeur de PHGLock, une entreprise de serrures électroniques «intelligentes». Il confiait dans une interview à un journal local : «J'ai été amenée en Australie par ma famille pour étudier et faire des affaires à l'âge de 15 ans. Jusqu'à présent, au cours de mes 20 ans d'activité, j’ai connu 3 crises économiques mondiales, sans parler des temps de l'échec, les mains vides. Mais je n'ai jamais ressenti l'impact terrible comme l'épidémie de cette fois-ci». Dans la même interview, il se souvient : «Je suivais mon père de chez moi dans le district 5 pour venir travailler : donner le bain aux vaches, les nourrir, les traire, nettoyer l'étable ... Je comprends la sueur de ce jour-là, je sais aussi me soucier des sentiments et des humeurs des travailleurs de là-bas»
Alors il réunit son équipe de techniciens et au bout d’une journée, le concept d’ATM-Gao ou «Distributeur Automatique de Riz» est en place. On le construit dans l’urgence avec les matériaux disponibles : le tout premier mécanisme embarque en effet un système de serrure maison… Le concept inclus de patienter en respectant la distanciation sociale, puis un système de contrôle à la fois électronique (camera) et humain donne l’accès au distributeur : fraudeur ou petit malin se présentant plusieurs fois se voient refusé l’accès. Un simple appui sur un bouton déclenche la délivrance de 1,5-2 kg de riz. Une quantité suffisante pour permettre 2 repas par jour à une famille de 4 personnes. Le bouche-à-oreille est immédiat : 2 jours plus tard un deuxième «ATM-Gao» est installé dans un autre quartier de HCM. Très vite, n’y aura même plus besoin de presser le bouton, un simple geste suffit (pour d’évidentes raisons de sécurité sanitaire). L’idée fait boule de neige, un formidable élan de générosité et de solidarité va déferler sur tout le pays, relayé par les associations de jeunesse locales, les organismes caritatifs, les maisons communales... Tout le monde s’active.
L’action de Tuan Anh est reprise, amplifiée, adaptée. A Hanoi, ce sont des containers à eau qui serviront de silo à grains, alors qu’une armée d’anonymes déposent leur contribution en riz, certaines en pousse-pousse, d’autres en camion. Chacun apporte un peu de son cœur en soutien. Rapidement, il faut agrandir les espaces de stockage, Hanoi, Hue, Danang prennent le relais. Partout la solidarité, l’esprit communautaire jouent à fond. Sur les sacs de riz, un nom, pas de provenance, et des sourires sur le visage de ceux qui les manutentionnent. Les gens viennent avec 50 kg, 100kg, échangent quelques bons mots et repartent.
"J'appelle cette machine un distributeur automatique de riz parce que les gens peuvent se servir en riz et j'espère qu'ils comprennent qu'il y a encore de bonnes personnes qui veulent leur donner une seconde chance." Le vœu de Tuan Anh est exaucé. Du Sud au Nord, en passant par le Centre et les Hauts-Plateaux (il y a un ATM-Gao à Buon Ma Thuot) le riz coule pour les naufragés du covid-19. Les équipes de surveillance et de maintenance se relaient nuit et jour, d’autres soulèvent, déplacent, stockent les sacs de riz, alors que d’autres encore cherchent des emplacements supplémentaires pour installer d’autres ATM-Gao, qui viendront délester la charge de ceux en place.
Grace a tous ces hommes et ces femmes unis dans une même solidarité, animés de la même générosité, beaucoup ne «sauteront pas de repas».
En clôture de cet article, laissons la parole à M. Hoang Tuan Anh : «Avec un grand soutien et une demande généralisée dans les localités, j'espère faire un don ou transférer la technologie pour avoir 100 "distributeurs automatiques de riz" partout. Ainsi, le destinataire du riz n'a pas à chercher trop loin et la maintenance sera moins pénible (...). Nous ferons tout notre possible pour maintenir jusqu’à la fin de l'épidémie, et peut-être une courte période après cela : 3 mois, 6 mois ou même 1 an.». Et de confier : «L’ATM-Gạo que je concevrai plus tard sera un conteneur facile à déplacer. Ces «guichets automatiques de riz» mobiles seront utilisés plus tard lorsque l'épidémie sera terminée et que les inondations suite aux typhons, par exemple, reviendront».
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