Rituel de bruler du papier votif - Source : Internet
Le gouvernement vietnamien désapprouve fondamentalement les pratiques superstitieuses, ce qui n’empêche nullement le peuple de se comporter, dans certaines occasions, selon des croyances, des tabous et des superstitions profondement ancrés dans l’inconscient collectif. Ainsi, pour garder son petit-fils en bonne santé, un grand-père vietnamien lui donnera un certain collier dont le charme – croit le vieil homme - éloigne les mauvais esprits et donc protègera le jeune garçon.
Il est courant qu’un employé ne se présente pas au travail le troisième jour du mois lunaire parce qu'il pense que cette date particulière lui porte malheur. Et que penser de cet étudiant qui essaie d'emprunter de l'argent pour acheter des billets de loterie parce qu'il a rêvé d'incendie la nuit précédente…
Ce ne sont quelques exemples de superstition qui peuvent déconcerter le visiteur étranger lors de son voyage au Vietnam. Pour autant, cela fait partie de la tradition et des coutumes transmises de génération en génération.
Croyances et superstitions au Vietnam - Source : Internet
L'ignorance, bien sûr, joue son rôle dans l'acceptation traditionnelle de la superstition. N'ayant pas suffisamment de connaissances, ou de confiance, dans les méthodes scientifiques dites rationnelles, un Vietnamien s'appuiera plus volontiers sur ses préjugés nourris d’un certain folklore, ou sur ses émotions pour guider sa vie quotidienne.
Il y a plus impactant, moins « folklorique » : en exemple, ce garçon en âge de sa marier qui ne pourra pas épouser celle qu’il aime sous prétexte qu’elle est née la mauvaise année. Selon le calendrier lunaire de 12 ans couramment utilisé dans toute l'Asie, un certain nombre d’années sont considérées comme incompatibles. C’est pour cette raison que notre jeune homme né l'année du Tigre, ne peut pas épouser sa bien-aimée, née pendant l'Année du Cheval, au risque de vivre une rupture des liens familiaux avec ses parents et ses aînés.
Un grand nombre de diseurs de bonne aventure, d'astrologues et autres lecteurs de palmiers gagnent (parfois très bien) leur vie grâce à la superstition des Vietnamiens. Même les pauvres mettent trois sous de côté pour se payer une consultation auprès d’un diseur de bonne aventure plus ou moins connu.
Mais il y a encore plus surprenant…
Nguyen Trai, entre légende et superstition - Source : Internet
Il y a cette histoire qui a traversé l’Histoire du pays du Dragon : celle des célèbres généraux vietnamiens Le Loi et Nguyen Trai. Ces deux-là menaient une guerre sans merci contre les envahisseurs chinois. Nguyen Trai a eu cet éclair de génie de tourner l’esprit de superstition à son avantage. Il a utilisé de la graisse pour écrire les phrases « Le Loi vi Quan ; Nguyen Trai vi Than » (Le Loi pour le roi ; Nguyen Trai pour le ministre d'État) sur les plus grandes feuilles des arbres de la forêt. Les fourmis ont ensuite grignoté les feuilles en se régalant de la graisse, ce qui a en quelque sorte « gravé » la prophétie dans le feuillage. Voyant cela, les villageois des environs n’ont pas manqué de considérer avec effroi et respect ce qui passait pour un message pour le moins surnaturel, très certainement divin. C’est donc avec une ferveur toute particulière qu’ils ont soutenu l’effort de guerre qui a finalement conduit à la défaite des Chinois et à l'intronisation de l'empereur Le Loi.
Il y a cette autre histoire mettant en scène une communauté ethnique du Tay Nguyen. Celle-ci, en l’an de grâce 1961, a piégé un éléphant blanc et en a fait cadeau à feu le président Ngo Dinh Diem. Les agences de presse gouvernementales, tentant de renforcer le régime chancelant de Diem, ont fait passer le message qu'un «roi puissant» avait été envoyé du ciel pour gouverner sur le Vietnam. Le président lui-même s'est envolé pour la ville de Ban Me Thuot pour accepter le cadeau, symbole du pouvoir suprême et divin, lors d’une cérémonie très médiatisée. Deux ans plus tard, l'histoire a montré qu'aucun «roi puissant» n'était venu à la rescousse d’un Diem assassiné et son régime renversé lors d'un coup d'État militaire.
De nos jours, d’aucuns pensent que la superstition est un problème qui devrait être éradiqué d’un Vietnam en route pour un avenir progressiste et moderne. Il a même été question de légiférer sur ce sujet, voire d’interdire la pratique superstitieuse… Mais la grande majorité des Vietnamiens considèrent que la vie serait d’un ennui mortel, sans diseurs de bonne aventure, astrologues et autres lecteurs de palmiers. D’ailleurs, c’est écrit dans les étoiles, la fin de la superstition n’est pas à l’ordre du jour et pour encore bien des années…
Au Vietnam, les chats portent malheur... - Source : Internet
Lors de votre séjour au Vietnam, vous ne manquerez pas de remarquer cette coutume de bruler de l’argent votif, ou argent fantôme, sous forme de maisons, vêtements et autres voitures, pour que la vie continue de l’autre côté. L’argent fantôme – ou argent des ancêtres – est imprimé sur du papier de bambou, imitant le yen, le dong et même le dollar américain. Certains pensent que les ancêtres peuvent déposer cet argent dans une banque de l'au-delà, tandis que d'autres le considèrent comme un paiement aux ancêtres ayant exaucé les souhaits de la famille. C’est essentiellement pendant les célébrations du Nouvel An Lunaire ou lors des rituels associés aux funérailles ou encore Thang Co Hon (le mois des fantômes) qu’ont lieu ces pratiques.
La divination se dit « coi boi », en vietnamien et la période où les diseurs de bonne aventure (les Thay Boi) sont le plus demandés est pendant le Tet du Nouvel An Lunaire (coi boi dau nam). Et chacun de repartir avec ses prédictions sur la famille, les amours, le succès en affaires… Le monde est ainsi fait que quel que soit le multivers dans lequel on se trouve, il y aura toujours un taxi malhonnête et un voyant charlatan patenté…
Une bonne aventure traditionnelle doit voir se dérouler Ti Vu (un combo d’analyse de la date de naissance selon le calendrier lunaire et de mise en perspective avec certains éléments du passé), puis une lecture des lignes de la main, la lecture des noix de bétel et d'arec et enfin d’une étude du thème astrologique. La jeunesse actuelle y rajoute la lecture du tarot et un peu d’astrologie occidentale.
Le travail du diseur de bonne aventure consiste à conseiller ses contemporains comment éviter les mauvais présages et comment tirer le meilleur parti des bons. C'est pourquoi il est de coutume pour les Vietnamiens de consulter les diseurs de bonne aventure avant les événements importants de la vie, qu'il s'agisse de choisir une nouvelle maison, un partenaire de vie, les dates de mariage, quand avoir un bébé, ouvrir une entreprise et même les dates des funérailles.
Selon l'usage/l'interprétation courante du tử vi , la vie est composée de certaines conditions prédéfinies qui ne peuvent pas être modifiées (cela fonctionne comme un privilège) et de conditions qui pourraient être influencées par les choix que nous faisons (quelque chose comme le libre arbitre). Selon la branche de tu vi issue du Zi Wei Dou Shu (Astrologie de l’Etoile Pourpre) de Chine, il y a environ 100 "étoiles" de cycles variables qui, à chaque heure de la journée, se combinent pour produire un ensemble d'effets sur une personne née à cette heure-là. La collection totale de plus de 500 000 combinaisons de ces "étoiles" se répète tous les 60 ans.
Etonnante superstition : ne pas se couper les cheveux avant un évènement important - Source : Internet
Certains actes de la vie quotidienne sont abordés avec inquiétude car ils peuvent convoquer des «than» (des démons, des esprits). D’où une ribambelle de tabou, de signes de malchance et autres porte-bonheurs. En vrac :
Mettez des miroirs devant les portes pour effrayer les dragons.
Ne vous coupez pas les cheveux juste avant un évènement important, cela porte malheur.
Les étudiants ne doivent pas manger de bananes avant un examen de peur d'échouer « comme en glissant sur une peau de banane ».
Si la première personne que vous voyez sur votre chemin pour faire des affaires est une femme, vous n'aurez pas de chance dans vos projets immédiats
Manger un œuf de fœtus de canard peut inverser la malchance. Cependant, cela ne fonctionne qu'en nombre impair, car manger un deuxième œuf après avoir reçu de la chance peut à nouveau porter malheur. N’oubliez pas d’écraser la coquille lorsque vous avez fini de manger.
Chiffres : Les Vietnamiens pensent que le chiffre 9 porte chance. 8 est également considéré comme chanceux. 18, totalisant 9, est également considéré comme de bon augure.
Couleurs : Le blanc, le noir, le violet et le vert ont respectivement des connotations négatives avec la mort, le mal, la tristesse/fragilité et la jalousie. Le rouge est la couleur la plus chanceuse. Le jaune a aussi des tonalités particulièrement joyeuses.
Rien que la période du Tet du Nouvel An Lunaire compile une liste impressionnante de tabous et superstitions.
C’est la formule consacrée que l’on souhaite lorsque que quelqu’un éternue. L’équivalent de « A tes souhaites ! », mais qui ici, se traduit par « Riz et Sel ». Pourquoi donc ? La réponse est désarmante de logique : le sel (élément sacré) et le riz sont destinés à effrayer les mauvais esprits qui essaieraient de vous pénétrer par le nez lorsque vous éternuez.
Vous ne savez pas nager ? Qu’à cela ne tienne ! Attrapez une libellule et faites-lui mordre votre nombril ! Suite à quoi, vous aurez instantanément la capacite de nager comme un poisson… Qui voudra vérifier ?
C’est simple : vous ne pouvez pas – au grand jamais - avoir de miroir face à l'endroit où vous dormez. La nuit, votre reflet devient un sosie maléfique qui peut s'emparer de votre corps physique et vous bannir dans le monde miroir, où vous serez piégé ! Malaise assuré quand une famille vietnamienne voyage en Occident avec ses hôtels aux chambres proposant systématiquement un miroir/coiffeuse face au lit king size…
En parlant de Feng Shui, phong thuỷ en vietnamien, on évitera de placer un miroir de l'autre côté d'une porte car en entrant dans la maison, vous pourriez être effrayé par votre propre reflet et la paranoïa pourrait s'insinuer dans votre conscience. Par contre, des miroirs sont souvent placés sur les portes d'entrée pour les mêmes raisons : effrayer l’esprit maléfique en vadrouille devant chez vous et le forcer ainsi à repartir les mains vides.
Une explication serait de remarquer que l’aboiement du chien en onomatopée vietnamienne donne quelque chose comme "gâu gâu", qui se rapproche de "giàu giàu", où "giàu" signifie "riche". D'autre part, le miaulement du chat ressemblerait à une sorte de nghèo, qui signifie "pauvre" en vietnamien.
Au nombre des porte-malheurs, la femme enceinte figure en bonne place : elle n’est pas censée assister aux mariages car elle est considérée comme une « malchance » pour le couple nouvellement marié. D’autre part, une femme enceinte évitera d’assister à des funérailles de peur que son enfant ne soit un « bébé qui pleure » ; dans le même ordre d’idée, elle s’abstiendra d’enjamber un hamac au risque d’accoucher d’un bébé paresseux ; et pour faire bonne mesure, elle se tiendra loin des temples et pagodes pour ne pas irriter les esprits qui y résident.
Tout photographe vietnamien hésitera avant de prendre une photo d’un groupe de 3 personnes. Cela porterait malheur à la personne au centre.
Pas d’explication rationnelle ici… Peut-être que ce chiffre étant très important dans le bouddhisme et le taoïsme, il serait sacrilège de l’utiliser de façon aussi profane. D’autres disent que 3 est malchanceux, selon le Fens Shui.
Dot Vai - Source : Internet
Les commerçants sont réputés être particulièrement superstitieux, au Vietnam.
Il y a cette coutume de dire que le premier client de la journée indiquera le chiffre d’affaires du magasin ce jour-là. Autrement dit, si le premier client a dépensé une grosse somme dès potron minet, la journée sera prospère, alors que cela peut porter malheur s'il n'achète rien. Pensez-y, avant de vous excuser d’un « je ne fais que regarder » de mauvais augure pour le propriétaire de l’échoppe.
Si vous repartez sans rien avoir acheté, il sera probablement obligé de pratiquer le rituel du Dot Via ou Dot Phong Long : il mettra le feu a un morceau de papier et l’agitera devant son magasin pour effrayer Madame Malchance. Se pratique parfois au retour d'un enterrement pour empêcher l'aura sombre de s'accrocher à soi.
Juillet (lunaire) est le mois de la malchance. Imaginez : c’est celui où les fantômes viennent reprendre leurs aises ici-bas. Avec le risque qu’ils ne vous nuisent de quelque façon que ce soit. Ce qui est très étonnant, c’est que même de nos jours, cette superstition peut avoir des conséquences majeures sur l'activité économique.
Donc pour nous résumer, si possible, en juillet…
♦ Ne proposez pas de rendez-vous galant à quelque gente damoiselle
♦ Ne créez pas votre entreprise
♦ Ne faites pas de gros achats (genre maison ou voiture)
♦ Et soyez très prudent si vous voyagez
Un bon parent demandera a son enfant de retirer sa casquette/son chapeau dans la maison. De la garder pourrait entraver sa croissance…
Une des scènes du quotidien les plus étonnantes au Vietnam, sont ces familles entières embarquées sur une moto. Et… les enfants ne portent pas de casque, alors que les parents, si. Le port du casque est obligatoire au Vietnam depuis 2007. Mais une croyance tenace dit que ledit casque empêche la croissance du cerveau de l’enfant…
Ty Huu, le monstre qui vous veut du bien - Source : Internet
Tỳ Hưu est une puissante bête mythologique qui ressemble à un improbable combo dragon/lion/chien. Il a une grande gueule et pas d'anus, de sorte qu'il peut saisir toute la chance présente dans les airs et la retenir à l'intérieur du corps.
Le souvenir idéal à ramener chez vous… On ne sait jamais, n’est-ce pas…
Profondement humaines, les superstitions se voient partout dans le monde, témoignages des histoires et identités culturelles de chaque peuple. Au Vietnam, certaines de ces antiques croyances ont des racines si profondément intégrées dans l’inconscient collectif qu’elles sont devenues une part de la culture, une partie de l'étiquette sociale vietnamienne. Il nous semblait important de les connaître afin d'éviter de contrarier les gens par maladresse.
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Circuit court ou long, découverte des incontournables ou par des routes buissonnières, en voiture, en jonque, en rando, à vélo ou en moto… revenus de leur voyage en Indochine nos clients nous racontent leurs expériences. Merci à eux de nous faire confiance pour la prise en charge de leur séjour au Vietnam, au Cambodge, au Laos ou bien encore en Thaïlande et Myanmar !
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